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20 mai 2014 2 20 /05 /mai /2014 21:59

François Hollande avait bien compris que la situation économique du pays exigeait la mise en place de politiques de l'offre. Pour peu qu'on soit un peu curieux, on s'aperçoit que, depuis les années 2000, les marges bénéficiaires des entreprises chutent de façon continue, surtout dans l'industrie. Cette situation pénalise les entreprises, lesquelles se trouvent dans la difficulté voire l'impossibilité d'investir convenablement et de fabriquer des produits à très forte valeur ajoutée (montée en gamme) . Par exemple, en 2013, l'industrie française a fait l'acquisition de 3 000 robots seulement pendant que les allemands en ont acquis 17 000 ! Ce différentiel peut servir de référence pour pointer le retard de modernisation de la France.

Le chômage des personnes faiblement qualifiées est un poids : Il représente 14 % pour l'ensemble de la population ; 39 % pour les jeunes. Tout le monde s'accorde pour dire qu'il viendrait du niveau relativement élevé du coût du travail peu qualifié.

Même si j'estime que le gouvernement aurait dû demander un nouveau délai à Bruxelles pour remplir son objectif de stabilité, le bon sens impose qu'on approuve le plan annoncé par Manuel Valls : 40 milliards d'euros de baisse des impôts des entreprises , suppression de toutes les charges sociales au niveau du smic.

Une fois ces mesures annoncées, le gouvernement se doit d'être sincère sur les effets qu'il en attend afin de mieux préparer l'opinion. Dans un contexte économique morose où la crise instaure un climat de colère et de déception, le gouvernement doit simplement faire œuvre de vérité pour rassurer sur les délais de réalisation concrète de ses actions.

En effet, la première difficulté vient des délais d'action de ce type de politique de l'offre. Nous disposons d'exemples historiques permettant de les évaluer : le Royaume-Uni et la France dans les années 1980 ; l'Allemagne (avec l'Agenda 2010 de G. Schröder) dans les années 2000. Dans tous les cas, la baisse du coût du travail n'a entraîné une hausse de l'investissement et de l'emploi que plusieurs années après sa mise en œuvre.

Par exemple, en Allemagne, sur la période 2001-2002, il y a eu la baisse des cotisations sociales des entreprises, la baisse de l'impôt sur les sociétés et la flexibilisation du marché du travail. Les premiers signes du redressement de l'investissement et de l'emploi ont apparu au second semestre 2005 et surtout en 2006, quatre ans après le début de l'application de la politique de l'offre.

Il peut être utile de souligner aussi que l'Allemagne avait bénéficié à cette époque d'exportations en forte progression tirées par une croissance mondiale de 5 % par an, et de la capacité de laisser filer son déficit public, qui a dépassé 4 % du PIB jusqu'en 2005 et n'a été corrigé qu'après.

La seconde difficulté que subit le gouvernement Valls est que, handicapé par un déficit public de 4,3 % du PIB en 2013, il ne peut pas, comme l'Allemagne dans les années 2000, le laisser augmenter. Il faut donc baisser les dépenses publiques pour financer la baisse des impôts. Cinquante milliards d'euros de baisse des dépenses par rapport à la tendance antérieure ont été annoncés, dont vingt et un milliards dès 2012. Il ne faut pas se faire d'illusions : quand on réduit les salaires des fonctionnaires, les retraites, les dépenses de santé, les dépenses des collectivités locales, on réduit instantanément la croissance.

L'effet d'une baisse de 1 point de PIB des dépenses publiques est probablement une baisse de 1 point du PIB. Cela veut dire que les prévisions de croissance (1,7 % en 2015, 2,25 % en 2016 et 2017) et de déficit public (3 % du PIB en 2015, équilibre budgétaire structurel en 2017) du gouvernement seraient difficilement atteignables, d'autant plus que le commerce mondial stagne et que la France ne sera pas tirée par le reste du monde.

Qu'est-ce que le gouvernement devrait alors dire aux Français ?

A nouveau, baisser les impôts des entreprises et les dépenses publiques en France est la seule politique possible pour redresser la profitabilité des entreprises tout en évitant que le déficit public tutoie des niveaux insupportables (presque 7 % du PIB sans la baisse des dépenses).

Mais ce qui précède montre que, très probablement, d'une part les baisses d'impôts n'auront un effet positif sur l'investissement et l'emploi qu'après 3 ou 4 années , d'autre part les baisses des dépenses auront un effet négatif immédiat sur la croissance. Les premières années après la mise en place d'une politique de l'offre sont douloureuses : la croissance ralentit, le chômage continue à augmenter. Il faut l'annoncer aux français, qu'ils sachent que cette période douloureuse de quelques années sera suivie d'un redressement de l'emploi, de l'investissent, de la croissance.

Aujourd'hui, le gouvernement semble dire que la croissance va accélérer fortement entre 2014 et 2015, puis entre 2015 et 2016 : cette prévision serait difficilement atteignable et provoquerait surtout une forte déception et une critique des politiques menées, alors qu'elles sont nécessaires.

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7 avril 2014 1 07 /04 /avril /2014 22:14

Il faut se rendre à l'évidence : le pacte de responsabilité n'est pas un cadeau aux patrons. Son objectif central est l'emploi et le recul significatif du chômage. Il met en place un dispositif efficace pour l'emploi des jeunes. Il n'est pas tolérable, dans un pays développé comme le nôtre, que 25% des moins de 25 ans (présents sur le marché du travail) soient au chômage ! Quoique légèrement supérieur en février dernier (+ 1700 inscrits, d'après les récentes statistiques), le nombre de jeunes inscrits à Pôle emploi reste sur une tendance à la baisse depuis plus de neuf mois. Son niveau est revenu à celui de fin 2012. La hausse de 2013 a bien été gommée. Ce n'est pas par l'opération du Saint-Esprit ou d'un magicien, mais grâce à l'action du gouvernement qui a mis en place les emplois d'avenir. Bien sûr, on m'opposera que les emplois d'avenir ne suffisent pas. J'en conviens ; d'où l'intérêt d'aller plus fort, plus loin avec le pacte de responsabilité. Ce dernier n'est certes pas la panacée, mais il a le mérite de proposer une méthode encourageante pour la confiance des investisseurs et la création d'emplois.


Cela dit, si le gouvernement s'évertue à juguler la progression du chômage et en particulier celui des jeunes, cet effort important n'est pas suffisant pour provoquer un ressaut durable des recrutements. Pour y parvenir, dans un contexte économique difficile, avec une croissance atone, il faut agir évidemment sur le coût du travail. Tel est le point fondamental du pacte de responsabilité.


Le pacte ne sera pas financé par de nouveaux prélèvements sur les ménages ou les entreprises. Le Président de la République l'a affirmé le 14 janvier. Dès lors, sa mise en œuvre passe par des économies rendues d'autant plus nécessaires que la France a accumulé un déficit public et une dette considérables depuis plus d'une décennie. Les économies, le Président de la République l'a précisé le 31 mars, ne seront pas le résultat de coupes budgétaires aveugles, « il s'agir de transformer l’État ».


François Hollande a souhaité également que les partenaires sociaux s'engagent. C'est le sens du relevé de conclusions, approuvé sur le principe le 5 mars dernier. Il est volontariste, précis et sans ambiguïté. Pour les entreprises, il est prévu une baisse des prélèvements sur le travail de 10 milliards d'euros supplémentaires qui s'ajouteront aux 20 milliards d'euros du CICE, ainsi qu'une simplification des processus administratifs et réglementaires ; pour les salariés, un engagement et des ambitions en termes d'emplois, de qualité de l'emploi, de dialogue social et d'investissement.


Le pacte de responsabilité donne le coup d'envoi, sur des bases saines, à des négociations au niveau des branches, des entreprises et des territoires pour respecter les spécificités de chaque secteur d'activité et de chaque région. Les accords signés sur le terrain fourniront un cadre rigoureux à sa mise en œuvre. Pour la première fois en France, le pacte de responsabilité lance le dialogue économique, entre les parties prenantes, à tous les niveaux.


Les allègements de charges seront séquencés dans le temps afin de vérifier le respect des engagements pris. Ce ne sont en rien des cadeauxEt il va de soi que la distribution des dividendes n'en relève pas. La loi le dit déjà expressément pour le CICE. L'Observatoire des contreparties, mis en place par l’État, le patronat et les syndicats, y veillera.


De surcroît, comme l'a annoncé le Président de la République le 31 mars, les entreprises ne seront pas les seules à bénéficier d'allègements, puisque le pacte de responsabilité sera accompagné d'un pacte de solidarité prévoyant des allègements de charges pour les salariés, ainsi que des baisses d'impôts pour les ménages.


Enfin, il est temps de cesser de considérer le « patronat » comme un bloc homogène, alors qu'il est disparate à souhait. Quoi de plus différent d'un patron du CAC 40, qu'un patron de PME, un artisan ou encore un auto-entrepreneur. Jusqu'à preuve du contraire ce sont les entreprises, essentiellement les PME/TPE qui recrutent. C'est pour cette raison sans doute que les Français gardent une bonne opinion de leur entreprise malgré les critiques.


Au moment où nous commémorons le centenaire de l'assassinat de Jean Jaurès, il semble opportun de citer une affirmation de cet illustre personnage : « Il faut chercher la vérité et la dire ». C'est ce que nous devrions faire, chacun à notre niveau, certes, avec modestie.


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1 avril 2014 2 01 /04 /avril /2014 21:58

 

Les résultats des élections municipales ont concrétisé une violente et triste défaite du parti socialiste. Des dizaines de villes conquises lors de la dernière décennie repassent dans le giron de la droite. A qui la faute ?Comment en sortir ? Une partie de la gauche et des Verts a déjà tranché. Il faut changer de politique et revenir aux fondamentaux du socialisme, disent-ils. Argument classique de lendemain de défaite électorale, qui ne peut résister à l'analyse des faits. Heureusement que les fondamentaux du socialisme ne méconnaissent pas le devoir de lucidité. On entend par-ci et par-là que François Hollande aurait déplacé le curseur à la droite du PS et que Valls serait en réalité un homme de droite à l'intérieur du PS!Que de contre-vérités ou du simplisme journalistique!Pour s'en convaincre, il peut être utilement rappelé que les missions confiées par François Hollande à Manuel Valls (même si j'entends bien que le choix de Valls n'emballe pas tous nos camarades de gauche) sont d’une coloration naturellement socialiste :

 

 

Relancer l'économie, notamment par l'application du « pacte de responsabilité », qui doit se se traduire par« moins de charges sur les entreprises et en particulier sur les bas salaires et, en contrepartie, plus d'embauches et plus d'investissement » ;

Garantir la « justice sociale », en annonçant « une diminution des impôts des Français d'ici 2017 et une baisse rapide des cotisations payées par les salariés » ;

Engager la « transition énergétique », afin que la France soit « moins dépendante du pétrole comme du tout-nucléaire ».

 

Le dérapage du déficit en 2013 (4,3 % du PIB) complique la tâche du gouvernement pour tenir ses engagements européens. Bruxelles table sur un déficit français qui s'élèverait encore à 4 % de PIB cette année et demande donc à la France de prendre des mesures d'urgence (entendez bien, austérité). D'autant que la France a déjà obtenu, en 2013, un report de deux ans pour revenir à 3 %. Mais François Hollande a indiqué hier soir que le plan de 50 milliards d'économies programmé pour 2015-2017 ne servirait pas qu'à réduire le déficit public. Il doit aussi permettre de réduire les impôts des ménages et baisser les cotisations salariales. « Je ne veux surtout pas fragiliser la croissance qui repart », a prévenu le chef de l’État, qui n'a d'ailleurs par cité le montant de 50 milliards évoqué en janvier.

 

Réduire les impôts des français et baisser les cotisations salariales ne sont-elles pas des mesures de gauche ?

 

A côté des économies, François Hollande entend clairement mettre en avant son pacte de responsabilité auprès de ses partenaires européens. « Le gouvernement aura aussi à convaincre l'Europe que cette contribution de la France à la compétitivité et à la croissance doit être prise en compte dans le respect de nos engagements », a-t-il poursuivi, laissant clairement entendre que le retour du déficit à 3 % risquait d'être à nouveau repoussé.

François Hollande demande ainsi à haute voix à Bruxelles (et à Berlin) de tenir compte de son effort de maîtrise de dépenses mais aussi des réformes structurelles pour la compétitivité. Un discours qui se rapproche de celui tenu par Matteo Renzi en Italie.

 

Demander une détente à Bruxelles afin de faire échec à l'austérité réclamée par la droite, n'est-ce pas une mesure de gauche ?

 

Faute de croissance, de compétitivité et d'emplois, ce ne sont pas seulement les prochaines élections que la majorité socialiste risquerait de perdre, c’est la France qui perdrait très vite son rang en Europe. Déjà, l’Italie, le Portugal ou les Pays-Bas voient leur déficit se réduire sensiblement, l’Allemagne s’offre le luxe d’accroître son excédent. Bref, peu importe l'étiquette « social-libérale » ou  « social-démocrate » qui, visiblement, n'a aucun sens face aux impératifs qui s'imposent : Relancer une croissance qui tourne au ralenti, mieux piloter nos finances publiques, muscler notre appareil productif et créer des emplois durables, annuler les incertitudes qui pèsent sur notre taux d'intérêt.  François Hollande en est justement conscient. Bien sûr que la conjoncture actuelle ne le rend pas populaire (mais est-ce grave pour l'instant?).Comme aurait dit Cicéron, « il ne faut pas abuser de la patience du peuple ». Mais, au moins, le gouvernement Valls, sous pression en termes de résultats, travaillera en connaissance de cause ; ce qui accentuera les chances de François Hollande de réussir, non pas dans la normalité qu'il avait préalablement proclamée, mais dans l'action. Il lui reste trois ans pour prouver que les Français ont eu tort de douter de lui.

 

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13 octobre 2013 7 13 /10 /octobre /2013 16:52

« Où l’insécurité est-elle la plus criante ? [ ... ] Où les règlements de comptes sont-ils les plus nombreux ? Quelles sont les zones de non-droit où l’angoisse et la peur, comme un brouillard épais, empêchent de vivre et de circuler sereinement ? La réponse, tout le monde la connaît. Personne ne veut la clamer haut et fort. Et qu’on ne me parle pas de stigmatisation. [...j S’habiller de la fausse pudeur du politiquement correct, c’est mettre sous couvercle un problème que l’on n’a pas le courage de régler ». Ces quelques lignes ont été écrites en 2011 par Manuel Valls dans son livre intitulé  « Sécurité, la gauche peut tout changer ». 


Manuel Valls, a toujours fait de la sécurité son cheval de bataille (« J’ai dû, confronté à cette dure réalité, faire évoluer mes convictions face à la violence inouïe entre les bandes rivales, la gangrène de la drogue, les dégradations, les incivilités, les occupations illicites des gens du voyage. »). Avec d’autres au PS (Bruno Le Roux notamment), il a toujours voulu placer la sécurité au cœur de la matrice socialiste.


« L’histoire de la gauche est marquée par une parfaite dichotomie, voire une schizophrénie idéologique lourde, en matière d’ordre et de sécurité », analysait Valls en 2011 .Un « malaise », fruit d’un postulat tenace au PS, selon lequel « l’insécurité serait uniquement une conséquence de l’injustice sociale, au-delà de toute responsabilisation du contrevenant ou du criminel ». Sans concession, Valls instruit dans son livre le procès de Sarkozy, coupable selon lui d’avoir mené une « politique du chiffre » doublée d’une « course à l’échalote » pour séduire les électeurs du Front national. Mais il avertissait déjà ses camarades : « La gauche au pouvoir aura aussi le devoir de comprendre les échecs de ce qui, quatorze ans auparavant, en a été le prototype : la police de proximité. »


Les titre de chapitres (« Une justice au pain sec, des prisons en miettes », « Mieux punir les enfants de la République », « Parlons ghetto »...) laissaient déjà imaginer que Valls ne céderait pas un pouce de terrain au politiquement correct. Revenant sur une polémique qui l’avait touché (il avait été filmé sur un marché d’Évry, parlant des « Blancs, Whites, Blancos »), Valls persiste et signe : « J’entends déjà certains m’objecter avec cécité et précipitation drapés de sublimes principes humanistes et auréolés de lauriers antiracistes qu’il est interdit de faire des amalgames entre la couleur et la pauvreté, la couleur et les difficultés sociales, la couleur et l’insécurité. [ ... ] Je veux, en tant que responsable de gauche, pouvoir parler en conscience [...] de sécurité, de nation, de laïcité, de couleur, librement. Et si je dois choquer les âmes frileuses, eh bien j’emploierai avec d’autant plus de conviction ces mots comme des marteaux pour clouer le bec aux autruches de la pensée. »

Quand Manuel Valls détaille dans son livre  ses positions sur les grands sujets touchant à la sécurité, ses propos sont très explicites. II récuse d’ailleurs le terme cher à Ségolène Royal d’ « ordre juste ». Selon Valls, « le simple fait d’accoler au mot « Ordre » l’épithète « juste » est l’aveu inconscient pour la gauche que l’ordre seul est vécu comme une dérive, une menace. »


Certaines déclarations ont pris leur sens une fois  Valls, installé à la tête du ministère de l’Intérieur : « Je veux réhabiliter l’ordre en tant que tel, dans ses vertus structurantes et libératoires pour l’individu. »


Son credo ? « Sortir de la politique du chiffre et tendre vers une culture du résultat. »


Pour y parvenir et surtout gommer cette fausse étiquette de « socialiste de droite », Valls devrait parfois rassurer certains de ses camarades en utilisant des mots qui évitent de blesser ou qui créent des confusions inutiles.

Cela dit, au-delà de son action utile au gouvernement, qui peut oser douter du caractère républicain de Manuel Valls ?


Les classes populaires, les premières victimes de l’insécurité, souvent tentées par le vote extrême et xénophobe, seront surement satisfaites des résultats du gouvernement sur la sécurité.  Au-delà des mots qui fâchent, des maladresses mal pensées, la sécurité reste tout de même un droit, un acquis, pour lequel se bat le gouvernement.

 

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21 avril 2013 7 21 /04 /avril /2013 15:05

L’entre-soi malsain, l’inepte cooptation, la servitude volontaire des uns et l’incompétence mal dissimulée des autres semblent, malheureusement, avoir raison de la direction actuelle du parti socialiste. Tant au niveau national qu’aux niveaux fédéral et local ! La violente crise socio-économique en cours nous rappelle avec acuité la paresse intellectuelle de ce beau monde, plus enclin à s’entendre (la fameuse synthèse) pour se répartir les postes de secrétaires national et fédéral qu’à penser aux idées susceptibles de préparer le pays pour les court, moyen et long terme. La défaite de la pensée, en somme.


« Ne désespérez pas de la République ! », dixit Mendès France à ses bourreaux lors de son injuste procès pour une fausse accusation de désertion. Oui, chers militants socialistes, ne désespérez pas du parti socialiste car vous en êtes les légataires, sa force vive, sa vitalité et surtout ses insondables ambassadeurs. Il vous revient à ce titre, de vous replacer en son cœur et de reprendre le pouvoir qui vous revient de droit afin de faire revivre l’impérieux et qualitatif débat des idées. Nul apparatchik, nul potentat local n’a de prise sur votre capacité militante. Redevenez pleinement socialistes (je sais que vous l’êtes toujours malgré le désarroi ambiant) en demandant ce que vous avez à faire en tant que socialistes et non ce que le parti socialiste attend de vous. Reprenez le pouvoir militant et faites vous entendre !


Cependant, le vide intellectuel d’un « Solférino » inaudible et incapable de prêter efficacement main forte à l’exécutif, ne saurait occulter l’importance des travaux que mène le Président de la République. On peut lui reprocher comme moi, sa trop grande prudence de sioux en matière de réformes, le report à 2017 de l’application du non cumul des mandats, etc…Mais le bon sens commande  une grande lucidité et une indulgence à son égard.


La  boîte à outils qu’il a présentée et que certains présentent comme hétéroclite et inopérante, s’attaque globalement aux insuffisances de notre système. Elle devrait entamer la réforme structurelle d’un système devenu progressivement inadapté aux nouvelles contraintes d’un monde dont les fondamentaux ont changé en profondeur, et participer à sa rénovation. Dans le contexte économique très difficile, une situation sociale qui se crispe, un climat politique de doute et de radicalisation des extrêmes, dans l’agitation médiatique ambiante aux allures de jeu de massacre, Hollande apparaît déterminé et soucieux de la responsabilité qui est la sienne, malgré le décrochage sondagier  dont il est l’objet.


Outre le fait qu’il a pris la mesure des lourds enjeux induits par cette longue et grave crise économique, il donne le sentiment, au moins pour ceux qui, débarrassés des passions politiques partisanes sont de bonne foi, de lucidité et de gravité. Certains sont peut-être déçus parce qu’il  n’a pas promis d’aller « chercher la croissance avec les dents ». Mais force est de reconnaître, depuis 11 mois qu’il est à l’Elysée, les mesures qu’il prend ont exclusivement pour objectif d’accompagner notre économie au point de stimuler la croissance, sinon enclencher, une reprise.


Quels observateurs sérieux, journalistes ou chroniqueurs avertis pensaient que la situation économique et sociale allait s’inverser rapidement ? Chacun savait que la dégradation est importante, ancienne, structurelle. On nous l’explique depuis des années à longueur de journaux, magazines et émissions spécialisées. Et ce sont les mêmes qui se scandalisent et crient au manque de résultat, et même à l’échec, après quelques mois de changement ! Où sont le sérieux et la bonne foi de ces gens-là lorsqu’ils se répandent en critiques acerbes et sentences définitives à l’encontre d’un gouvernement qui a trouvé une situation en dégringolade vertigineuse.


Les prédécesseurs n’avaient-ils pas dit dès 2007, l’un que «les caisses étaient vides», l’autre que l'«Etat se trouvait en faillite». Ils parlaient d’or, si ce n’est qu’un quinquennat plus tard, la dette avait doublé et les déficits publics plus que doublé… Comment ne pas s’en souvenir et en tenir compte dans les analyses d’aujourd’hui. Comment, ceux-là même qui crient contre le matraquage fiscal peuvent-ils feindre de croire que les finances publiques s’étaient renflouées en quelques mois et que la persistance de la crise était le fait d’un gouvernement «  incompétent ». Comment peut-on ne pas expliquer que les licenciements massifs de l’hiver 2013 sont le fait de difficultés déjà anciennes des entreprises concernées et comment peut-on laisser entendre qu’elles sont dues à l’après mai 2012 ?


Certes, il y eut le contexte international. Mais ce contexte dégradé a-t-il disparu ? Permet-il en 2013 une reprise spectaculaire de la croissance qui viendrait irriguer les circuits économiques, relançant à la fois consommation, l’emploi et permettant le désendettement grâce aux excédents budgétaires ? La réponse est non, il s’en faut de beaucoup ! Alors, il faut réformer, en profondeur, avec constance et ténacité. Le Président de la République en a conscience et se met en capacité, avec son gouvernement, de le faire dans un environnement contraint où les décisions se prennent à plusieurs par des partenaires aux intérêts de court terme divergents. Il le fait sans déclaration tonitruante, sans spectacle quotidien, sans flatter les passions extrémistes ou xénophobes. Il est vrai que l’agitation, cette illusion de l’action à laquelle on nous avait formatés, ne vient plus quotidiennement encombrer nos esprits et nous laisse un peu désemparés en ces temps d’addiction médiatique. Curieusement, le calme et les nerfs froids du Président provoquent une sorte de malaise du manque qu’exploitent les médias !


Oui, il faut réformer en ayant à cœur de préserver le socle de notre pacte de solidarité nationale. Oui, il faudra des mois, et sans doute des années, pour qu’un processus de désendettement forcément douloureux pour les finances publiques, mais indispensable, puisse rétablir la confiance du marché et celle des investisseurs. Oui, il faudra réformer en profondeur les modalités d’attributions des prestations, et plus certainement encore les mécanismes de leur financement. Oui, il faudra réviser le droit du travail de manière à encourager la mobilité, faciliter les ajustements conjoncturels, inciter au retour à l’emploi. Oui, il faudra partager le travail sans alourdir son coût afin de participer triomphalement à la compétition internationale qui est un fait indéniable, que l’on s’en réjouisse ou qu’on le déplore. Oui, il faudra réarmer les dispositifs fiscaux stimulant la recherche et facilitant  l’innovation et l’initiative entrepreneuriale. Oui, il faudra débusquer double emploi et gaspillage dans les services publics à leurs différentes strates de nos administrations. Oui, il faudra réguler davantage la finance et renforcer les moyens de lutte contre l’évasion fiscale.


Face à toutes ces réformes, les prédécesseurs de Président de la République ont échoué. A moins, hypothèse que l’on ne peut exclure, qu’ils y aient simplement renoncé ?


Dans un climat politique qui se tend, où l’inquiétude sociale se propage, où l’hystérie médiatique distille l’inquiétude, il est nécessaire de ramener au calme et à la raison et surtout de montrer que la perspective du changement proposé par Hollande s’inscrit dans un cadre et un cap. Ce dernier sera, certes difficile à atteindre, mais Hollande s’y engage sur son quinquennat.
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6 avril 2013 6 06 /04 /avril /2013 21:43

Tristesse, écœurement, dégoût, trahison, etc., tels sont les mots qui tournent en boucle de façon sempiternelle chaque fois qu’un élu socialiste provoque une onde de choc par sa malveillance. Mais quel type  de ressentiment pourrait consoler les socialistes de ce désastre politico-moral ?

 

Qu’à cela ne tienne, ce n'est pas tant le mensonge d’un homme qui m’interpelle le plus aujourd'hui, que je considère comme dévastateur. C’est cette schizophrénie que les français pourraient attribuer aux socialistes professant la vertu le jour et encourageant le vice la nuit.


En pleine entreprise de rétablissement des comptes publics, l'affaire Cahuzac fait mal. L'homme qui, au budget, était chargé de lever l'impôt avait cherché à y échapper ; celui qui devait amener les riches à plus de patriotisme fiscal aimait lui-même l'argent au point d'aller en dissimuler une partie à l'étranger. Gravissime écart entre la parole et les actes qui relève certes d'une faillite morale individuelle mais qui rejaillit violemment d’abord sur les socialistes et après sur toute une politique : compliqué, en effet, après ce séisme, de « réussir le redressement du pays dans la justice », comme le réclame sans cesse  le Premier Ministre.


François Hollande et son gouvernement ont beau protester de leur bonne foi, assurer qu'ils n'étaient au courant de rien, récuser l'utilisation d'officines de renseignement pour tout savoir de leurs ministres, le mal est fait : la gauche morale est grabataire, pis, elle est vaincue. Et sa défaite n'est pas seulement morale. Elle est aussi fonctionnelle. Les valeurs érigées en dogmes sont facilement violées pour peu que cela serve les intérêts de quelques uns, au grand mépris des choix des militants. 

 

Dans un courrier adressé aux militants, Harlem Désir dit comprendre «la stupeur et la colère» créées par l’affaire Cahuzac. L’argumentaire, même s’il peut réconforter certains esprits, me paraît court et ne semble ôter toute tentative de démobilisation à certains militants. On ne peut demander aux militants de retourner au charbon comme si de rien n’était sans repenser au fonctionnement du parti socialiste et à la valeur fondamentale de la parole militante. La crise de confiance qui se prolonge depuis l’onde de choc Cahuzac doit être féconde et pousser systématiquement le parti socialiste à revoir son rapport au pouvoir en place, mais aussi aux militants. Le PS doit muter et sortir de son conformisme sclérosant qui empêche tout renouvellement du personnel politique. Un peu partout en France,  depuis la victoire de Hollande, les réunions de sections socialistes sont vides parce qu’on y débat peu ou pas d’idées. Certains militants souhaitant être élus ou placés « gracieusement » sur liste aux échéances municipales  se transforment en larbins et valident, tel le chien de Pavlov, tous les avis du « calife » local qui tire profit de son statut d’apparatchik.

 

Comment débattre en toute sérénité avec ses camarades si l’on court le risque d’apparaître comme l’emmerdeur parce que certains militants ont préféré donner « leur langue au calife » en espérant un traitement bienveillant de sa part ?

 

J’ai la facilité de croire que  ce concours de lâcheté n’est pas négligeable dans la constitution du sentiment de toute puissance des gens comme Cahuzac, DSK, Guérini, etc…

 

Si ces derniers ont pu s’enivrer de cette puissance illusoire, qu’est-ce qui aurait pu les empêcher de mentir aux militants, pis à la France entière ?

 

Comparaison n’est pas raison. Mais mettons en parallèle le mensonge déshonorant de Cahuzac et l’engagement fait par nombre de députés socialistes élus en juin 2012 de démissionner de leurs mandats dans les exécutifs locaux avant le 30 septembre 2012. Avant l’éventuelle application du non-cumul en 2017 (l’enfer est pavé de bonnes intentions), combien de députés ont respecté cet engagement ? Ont-ils menti ? Ont-ils violé le vote des militants entérinant l’application en 2012 de la règle du non-cumul ?

 

Avant de jeter l’anathème sur Jérôme Cahuzac, les militants feraient mieux de reprendre le pouvoir au sein du parti socialiste, de libérer leur parole afin que les idées reprennent leur juste et noble place.

 

Enfin, quand on pense à Jaurès, Blum et à Mendès France, nul ne peut rendre sa carte d’adhérent et laisser les valeurs défendues par ces illustres personnages détournées par  n’importe quel calife local ou un Cahuzac en devenir…

 

PS : Ma saine colère ne peut m’empêcher d’apporter, en connaissance de cause, un soutien à Pierre Moscovici victime d’un grave procès d’intention. Maîtrisant bien les assistances administratives internationales en cas d’optimisation ou d’évasion fiscale et connaissant très bien les terme et champ d’application de la convention fiscale franco-suisse de 2009, je puis vous assurer que Moscovici a respecté la procédure d’entraide en posant les bonnes questions sur une période qu’on peut estimer large à la lecture des termes de ladite Convention.

 

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1 avril 2013 1 01 /04 /avril /2013 17:06

Le Hollande bashing ou la haine dirigée contre le Chef de l’Etat sur le net est disproportionné en ce sens qu’il procède d’une terrible injustice. François Hollande a hérité d’un Etat lourdement endetté sans véritable marge de manœuvre.


Nulle intention de ma part d’alléger ses responsabilités face à la crise, mais il serait honnête de reconnaître qu’une ardoise de 600 milliards d’euros de dette contractée lors du précédent quinquennat reste une épée dans les reins du Gouvernement Ayrault. De même, demander au Président de la République de produire de résultats homériques au bout de 10 mois, même s’il a été élu pour apporter des solutions, relève d’une violente attente déconnectée de la profondeur de la crise.  En même temps, il faut être fou pour ne pas comprendre la colère et la détresse de nombre de nos concitoyens déstabilisés par le chômage et la peur du lendemain. N’en déplaise à l’UMP qui feint la surprise alors que le « crime » est aussi de son fait ; n’en déplaisent à Mélenchon et à l’inénarrable Cherki, les colères mal contrôlées, les postures et autres invectives ne sont d’aucun secours aux graves difficultés découlant de la crise. Ça serait mentir aux français de leur faire miroiter une réalité illusoire alors que des efforts doivent être faits par tous afin de maintenir notre fameux modèle français.


Comment encourager le progrès et susciter l'espoir quand les usines ferment, quand l’on frôle la récession, quand notre balance commerciale déficitaire illustre notre faible compétitivité et  que le chômage explose ? Voilà en substance, les équations auxquelles est confronté François Hollande…


François Hollande n’est certes pas resté bras ballants face à la crise ! On peut mettre à son crédit des instruments comme les emplois d’avenir, les contrats de génération, la mobilisation de la Banque publique d’investissements à l’endroit des PME, le crédit d’impôt compétitivité emploi en faveur des mêmes PME pourvoyeuses d’emplois dans notre pays, etc….

 

Loin d’être la panacée, ces mesures peuvent paraître insuffisantes pour contrer le chômage galopant dans notre pays. Mais il n’en reste pas moins qu’elles constituent des réactions d’urgence et d’appoint pour stopper l’hémorragie que connaissent nos territoires en termes de chômage induit par la désindustrialisation.


En attendant que ces mesures infusent et prennent effet grâce à une mobilisation offensive du Gouvernement, le combat pour la croissance n’est pas ignoré mais reste la priorité, le cap ou l’horizon à atteindre. François Hollande l’a rappelé à juste titre lors de son intervention. Sans croissance, point de salut en termes de créations d’emplois ! Sans croissance, point de réduction des déficits ! Sans croissance ni compétitivité, notre pays resterait une cible des agences de notation ; ce qui pourrait être un mauvais signal à l’endroit des investisseurs.


Cette crise est trop longue et peut de ce fait nourrir certaines frustrations. Mais la bataille renouvelée  pour la croissance du Président de la république indique clairement qu’il y a un capitaine dans le navire et qu’il sait précisément où il va. Sans austérité aucune, il assume son indispensable sérieux budgétaire. Il a plaidé avec vigueur pour une réorientation de l'Europe, avec des mots justes : « Je ne ferai pas une politique qui mène l'Europe à l'austérité. L'austérité, c'est condamner l'Europe non pas à être en récession, mais à l'explosion. »


Il s’agit clairement  d’un avertissement à Angela Merkel, surtout que le populisme semble de retour partout en Europe. François Hollande a très clairement dit qu'il n'atteindra pas la réduction du déficit à 3% cette année, en expliquant que cela risquait de compromettre tout espoir de reprise. A ce titre, il est encore dans son rôle, sa mission d’être le président de la croissance.


Même si François Hollande affiche un « cuir solide » et des « nerfs froids » face aux critiques, il a su démontrer  que son objectif est de sortir notre pays de cette longue crise qui défie tout empirisme économique.


Sans conteste, le chemin pour y arriver est pavé de difficultés, chacun devra apporter sa propre contribution au nom de l’intérêt général et les différents ministres doivent véritablement monter au créneau pour expliquer avec pédagogie les différentes réformes en cours et à venir...L’action et la pédagogie ministérielle doivent précéder les interventions du Chef de l’Etat au risque de banaliser la parole présidentielle.

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3 mars 2013 7 03 /03 /mars /2013 17:20

Nul doute que la responsabilité imminente du Gouvernement est de parvenir à trouver une issue favorable à la double crise économique et sociale que traverse durablement notre pays. Si le volontarisme  de l’exécutif ne souffre d’aucune ambigüité quant aux objectifs et cap fixés, force est de constater qu’il tarde à répondre avec sincérité  à une crise aussi urgente qu’est le non-cumul des mandats.


C’est à croire que la majorité actuelle a l’hypocrisie en bandoulière ! Alors dans l'opposition, plus précisément en octobre 2010, par une proposition de loi dont le premier signataire n’est rien d’autre que  Jean-Marc Ayrault, les socialistes avaient voté l'abrogation du cumul des mandats avec une détermination tonitruante rimant avec modernité.


Désormais au pouvoir, aptes à voter une loi sur le non-cumul, les mêmes en retardent l'adoption et en diffèrent l'application. La leçon de morale est facile à donner de loin, elle est plus ardue à réciter en situation.


Faut-il leur rappeler que les militants socialistes ont voté à plus de 75% pour la règle du non-cumul des mandats ?


Certes, les candidats socialistes aux élections législatives avaient pris l'engagement moral de démissionner de leur mandat dans les exécutifs locaux à l'automne. Très peu ont tenu leur parole. Il reste toutefois une petite majorité qui s’assoit allègrement sur le choix des militants, sous le prétexte fallacieux de l'enracinement local nécessaire aux élus nationaux.


Oui, la France souffre du cumul des mandats, ce mauvais cholestérol, ce poison nuisible à nos institutions démocratiques. Qui peut croire, un seul instant, à l’omniprésence et au travail assidu d’un parlementaire cumulard ?

Comme l’a si bien dit Harlem Désir, « Non seulement, il (le cumul des mandats) empêche le meilleur exercice de chaque responsabilité, mais il nourrit l'antiparlementarisme ».


Pourquoi donc procrastiner ? Pourquoi vanter le non-cumul pour 2017 ? Pourquoi vouloir donner raison à certains de nos compatriotes qui pensent que procrastiner ainsi, revient à faire passer le confort d'un clan avant l'intérêt général ?


A l’instar de la tribune des 39 députés socialistes, le non-cumul des mandats, c’est maintenant ! C’était même hier, si tous les parlementaires socialistes avaient daigné démissionner de leur mandat local au lendemain des législatives !


Foin d’hypocrisie ! Le Gouvernement doit faire preuve de courage et  déposer  un texte de loi pour une application de la règle du non-cumul d’un mandat parlementaire et la participation à un exécutif local dès les échéances électorales de 2014.


Cette mesure aura le mérite de faire taire un antiparlementarisme qui se gausse de ces élus cumulards exerçant leur mandat national à mi-temps voire à tiers temps. Mieux, cette réforme favorisera un renouvellement politique dans toute sa plénitude (parité, diversité…) et induira un véritable statut de l’élu.


Comme l’a prévu le rapport rendu par Lionel Jospin, une loi organique votée par l'Assemblée Nationale peut prévoir le non-cumul pour tous les parlementaires, dès 2014, et le remplacement par leurs suppléants des élus qui choisiraient leur mandat local.

 

Si les français sont conscients de la faible marge de manœuvre du Gouvernement sur la difficile conjoncture économique  du moment, je  reste convaincu qu’ils sont certains que celui-ci peut agir dès aujourd’hui, ici et maintenant pour une application dès 2014 de la règle du non-cumul des mandats. En cas de doute, pourquoi ne pas alors les solliciter sur ce point par référendum ?

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20 janvier 2013 7 20 /01 /janvier /2013 18:02

Un homme de droite, Manuel Valls ? L'étiquette lui colle à la peau, depuis très longtemps. Hélas ! « Socialiste de droite », « Sarkozy de gauche », tels sont les qualificatifs les plus répandus dans les médias. Habitué à commenter ces qualificatifs, Valls a toujours été déterminé  pour faire bouger les lignes au PS. Dans son ouvrage paru en 2008, « Pour en finir avec le vieux socialisme », il défendait l’idée d’éliminer le mot « socialisme » au nom du parti ! Ancien rocardien, social-démocrate assumé, longtemps maire d'Evry, il revendique son positionnement au PS, mais aussi son ancrage à gauche. Aujourd'hui au poste dont il a toujours rêvé, ministre de l'Intérieur, il est l'un des ministres les plus populaires du gouvernement, même parmi les militants du PS. Il n’empêche qu’à son poste fortement exposé, il essuie naturellement des critiques.


Durant l'été, les démantèlements de camps de Roms sur ordre de la place Beauvau ont suscité de vives critiques y compris dans la majorité. Les positions du ministre de l'Intérieur sur les sans-papiers, les récépissés à la suite des contrôle d'identité ou encore le droit de vote des étrangers aux élections locales (auquel Manuel Valls s'est finalement rallié) ont fini d'asseoir l'ex porte-parole de la campagne de François Hollande dans sa position de « premier flic de France ».


S'il est une ligne politique, en matière d'immigration, que Manuel Valls semble avoir choisi de faire valoir, c'est celle qu'il martèle depuis toujours : « fermeté et humanisme ».


Depuis son arrivée Place Beauvau, « l'humanisme » a ainsi été récompensé par l'abrogation de la circulaire du 31 mai 2011 restreignant les conditions de séjour des étudiants étrangers. Même chose, le 7 juillet, avec la suppression de la rétention systématique pour les familles.


Cet humanisme a aussi donné naissance à la circulaire du 28 novembre 2012 clarifiant les conditions dans lesquelles un étranger en situation irrégulière peut obtenir un titre de séjour. Cette circulaire dont les critères sont plus précis comporte un certain nombre d’avancées, même si elle ne résout pas tout (notamment le sujet épineux du travail dissimulé communément appelé travail au noir). Elle a le mérite de formaliser la régularisation par le travail, laquelle sous le gouvernement précédent relevait plutôt de petits arrangements variant d'un département à un autre.


Cet humanisme déborde aussi sur la mission confiée à Matthias Fekl, député du Lot-et-Garonne, sur l'accueil des immigrés en France. Le rapport découlant de cette mission servirait de base au projet de loi sur l'immigration, prévu au deuxième trimestre.


Humaniste, mais ferme. La fermeté n’est pas l’apanage de la droite,  toujours prompte à dénoncer le « laxisme » de la gauche. Sans hypocrisie aucune, le ministre de l'intérieur a vite assumé le mot « expulsion », plutôt tabou, ces dernières années, au Parti socialiste.


En fait d’expulsion, il s’agit d’une mesure d’éloignement pratiquée sous tous les gouvernements, Gauche et droite confondus. Valls ne sera pas le dernier à procéder à des expulsions  découlant d’une décision de justice. Quel ministre de l’intérieur peut s’enorgueillir de ne pas respecter une décision de justice ?


Tous les anciens ministres de l’intérieur  socialistes n'ont eu de cesse de chercher à réaffirmer, une fois les campagnes électorales terminées, une ligne relativement ferme sur l'immigration.


Si, dans la forme, Valls se rapproche de  Chevènement (1997-2000), ce qui le sépare de Pierre Joxe (1988-1991), de Philippe Marchand (1991-1992) ou encore de Paul Quilès (1992-1993) ne réside que dans les mots. On parlait alors plutôt de recherche de « consensus » ou de besoin d'« équilibre ». Une posture qui avait déjà amené Pierre Joxe, en mai 1989, à l'Assemblée nationale, à expliquer comment il souhaitait expulser les étrangers irréguliers « dans la dignité ».


Enfin, il est aisé de constater qu’être ministre de l’intérieur dans un gouvernement de gauche peut appeler toute sorte d’interprétations. Je ne doute pas qu’il soit naturel de dire que Valls est socialiste et de gauche. On peut ne pas être d’accord sur tout avec le personnage, mais force est de constater qu’il fait le job.

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6 janvier 2013 7 06 /01 /janvier /2013 17:22

 

Fini l’année 2012 avec son cortège de couacs de l’exécutif ! Exit les flous ayant jalonné la gestion de dossiers comme Florange ! Exit le procès en autorité du chef de gouvernement donné sur le départ fin 2012 par une partie de la presse ! Jean-Marc Ayrault, confirmé et conforté  par François Hollande dans sa mission d’animer l’équipe gouvernementale, adopte dorénavant une ligne clairement sociale-démocrate pour « la bataille de l'emploi ».


Quiconque ayant lu son « modèle français » détaillé dans Le Monde serait surpris ou conquis par son invitation à trouver un équilibre entre prise de risque et préservation des acquis sociaux dans un monde en mutation, sans craindre la mondialisation ni stigmatiser les entrepreneurs.


Il cite haut et fort en exemple deux pays chantres de la social-démocratie, la Suède et  l'Allemagne. Rompant quelque peu avec les tabous de  la « vieille gauche », il annonce une réduction des dépenses publiques. Dans son « modèle français », le Premier ministre, qui  entend concilier compétitivité, efficacité, performance et solidarité, se distingue ostensiblement  ainsi de la gauche radicale et de toute idée de « démondialisation ».


On peut comprendre que ce tournant social-démocrate interpelle certains militants de gauche qui mettent en relief un hiatus entre une partie des promesses de campagne et la politique menée par le gouvernement. Ils constatent, à juste titre, que le pacte de compétitivité proposé par le chef de l'État,  rompt avec la doctrine  économique classique de la gauche. Au moins sur trois axes clés: Ce pacte  reconnaît que le coût du travail explique la faible compétitivité des produits français, fixe un objectif ambitieux de réduction des dépenses publiques et procède à une légère hausse de la TVA, impôt jugé antisocial. (On peut tout de même mettre au crédit de ce pacte, le passage du taux réduit  de TVA de 5,5 à 5 sur les produits de première nécessité).  En même temps, force est de reconnaître que ce pacte de compétitivité a été bien reçu par une majorité à gauche. Les  enquêtes d’opinions  indiquèrent que deux tiers des électeurs du PS sont favorables aux crédits d'impôts pour les entreprises à hauteur de 20 milliards d'euros.


Etant donné qu’il sera  difficile pour le gouvernement de convaincre les réticents (une partie du PS, les électeurs du Front de Gauche et des Verts) de sa ligne ouvertement social-démocrate, François Hollande devra rassurer toute la gauche en  cherchant des symboles plus forts en matière d'exemplarité, notamment sur le train de vie des grandes institutions, sur des réformes sociales et sociétales acceptées de tous, et enfin, trouver une parade fiscale rendant effective pour l’avenir  la taxe à 75 %.


Enfin ceux qui cherchent des marqueurs de gauche ne doivent pas se tromper de diagnostic ! Nous entrons dans la cinquième année de crise. Jusqu'ici, notre système d'Etat providence a protégé ceux qui, par définition, en bénéficient, c'est-à-dire le cœur du salariat (les emplois en CDI) et le secteur public. Le poids de la crise est supporté presque en totalité par les employés au statut précaire et les jeunes, soit environ 15 % de notre population active qui se trouve au chômage ou dans un quasi-chômage. En 2013, la crise pourrait atteindre beaucoup plus en profondeur le corps social. Nul ne peut dire comment cela se traduirait. Se souviendra-t-on de l'année qui se termine comme de 1788 ?


Notre appareil productif menace enfin de craquer. Notre perte de compétitivité, qui se traduit par un déficit commercial abyssal, compromet l'existence même de certaines filières industrielles. Nous risquons de perdre des compétences qui ne reviendront pas, par exemple dans l'industrie automobile. Il y a là urgence à agir sur notre compétitivité (coût et hors coût) pour sortir de l'étau dans lequel nous sommes enfermés.


Face à ces risques bien connus, nous avons une chance : le contexte mondial s'améliore. La zone euro est sortie de sa phase de crise aiguë, la croissance revient aux Etats-Unis et la Chine ne faiblit pas, bien au contraire. En outre, 2013 sera une année sans élections en France, donc en théorie propice à des réformes de fond.


Si la social-démocratie est devenue une réalité assumée par l’exécutif, l’urgence imminente de 2013 reste incontestablement et immanquablement l’emploi.

 

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  • Hervé-Mélaine AGBESSI
  • Docteur en droit public économique, diplômé de l'université de Paris 1 (Panthéon-Sorbonne). Expert en fiscalité internationale.
  • Docteur en droit public économique, diplômé de l'université de Paris 1 (Panthéon-Sorbonne). Expert en fiscalité internationale.

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