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9 mars 2010 2 09 /03 /mars /2010 19:50

Il semble un peu vrai de dire que, prise dans son ensemble, la campagne en vue des élections régionales de dimanche a suscité un faible intérêt. Même entamant sa dernière semaine, elle semble n'avoir toujours pas démarré. Hormis celle sur la fiscalité locale, qui a tourné court, aucune thématique transversale, relative à l'emploi, aux transports, à la sécurité, n'a encore vraiment émergé dans le débat national.

 

Que retient-on aujourd'hui de cette campagne des régionales 2010 ?  L'appel récurrent et peu novateur à sanctionner Nicolas Sarkozy ?  Les misérables « affaires » Frèche et Soumaré ? Assurément, le pire spectacle que le monde politique ait donné depuis des années... Le constat vaut d'être nuancé car il y a eu, en réalité, deux campagnes.

 

Une campagne régionale réussie, dont la qualité a été assez peu perçue à Paris, mais bien relayée par la presse locale, centrée sur les projets des candidats et les attentes de leurs électeurs, par exemple sur les nouvelles lignes à grande vitesse.  Et une campagne nationale ratée, qui a tourné à vide. Le miroir inversé de 2004. Bien sûr, le désintérêt pour les régionales tient au caractère particulier de cette élection. Il est difficile de mobiliser les citoyens autour d'exécutifs régionaux dont les compétences sont à la fois mal identifiées et instables, dont les dirigeants sont mal connus.

 

Quand, de surcroît, l'ampleur de la crise appelle des solutions supranationales, des régulations internationales, l'échelon régional peut à bon droit ne pas paraître à la hauteur des enjeux. A fortiori lorsque, via la réforme de la taxe professionnelle, une recentralisation fiscale est engagée.

 

A ces facteurs structurels de désaffection s'ajoute une nouvelle manière de faire et de traiter la politique. La première vraie campagne de l'ère Twitter s'est souvent réduite à sa plus simple expression. Paroles tronquées, photos volées : hors du contrôle habituel des journalistes, tout a été bon à jeter sur Internet pourvu que cela fasse du « buzz ».  Qu'importe le message s'il est entendu...

 

La responsabilité de cette politique du vacarme est partagée. Distancée dans la course à l'information, une certaine presse politique, plutôt que de courir après les sujets qui préoccupent les Français, s'est contentée d'entretenir, des jours durant, d'indigentes polémiques n'intéressant qu'elle et une communauté d'internautes.  Le bruit de surface a étouffé tout bruit de fond. Restent quelques jours pour éviter que cette campagne ne fasse qu'un vainqueur, les 14 et 21 mars : le désintérêt de la politique.

 

Enfin, sérieusement, les thématiques liées au développement économique, aux transports,  aux lycées et à l’apprentissage (domaines d’intervention des régions) méritent en dépit de cette campagne peu enthousiaste, une mobilisation massive des électeurs….Dites-le partout autour de vous…  

 

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22 février 2010 1 22 /02 /février /2010 22:03

La Gironde a dévoilé devant micros et caméras un panneau « Département en danger » ; la Saône-et-Loire a mis en ligne « La Chute des départements », une vidéo déjà visionnée par plusieurs milliers d’internautes ; l'Association des départements de France a adressé un mémorandum en forme d'appel au secours au Premier ministre… lequel a annoncé le 1er février la nomination d'experts chargés de fournir un diagnostic et des solutions.


La grogne et l'inquiétude se font de plus en plus palpables dans les conseils généraux, dont les élus sont confrontés à une redoutable équation financière. D'un côté, des recettes en chute libre. En 2009, le marasme immobilier aurait provoqué un manque à gagner de 1,7 milliard d'euros au titre des droits de mutation, selon l'Association des départements de France. De l'autre, des dépenses sociales qui s'envolent et augmentent de façon exponentielle. Aide à l'autonomie des personnes âgées ou des handicapés, aux chômeurs ou aux travailleurs précaires via le RSA : en 2008, déjà, les départements se plaignaient d'une facture indue de 3,8 milliards d'euros, représentant les prestations non compensées par un Etat mauvais payeur…


En 2009, année de récession, la situation a été on ne peut plus grave. Aucun autre niveau de collectivité n'affiche un trou budgétaire aussi abyssal. Les conseils généraux n'accusent pas seulement le choc de la crise et de la réforme de la fiscalité. Ils sont aussi victimes des indélicatesses d'un Etat mauvais payeur qui ne leur règle pas toutes les factures liées aux compétences dont ils ont héritées.

Du coup, les départements se résolvent malheureusement à tailler dans les dépenses non obligatoires mais utiles : soutiens aux communes, aux associations sportives, culturelles et… à l'Etat, qui sollicite leur cofinancement, notamment pour les TGV.


 Certains dispositifs auront alors du mal à émerger. Qu’en sera-t-il de la distribution d'ordinateurs portables dans les collèges ?  Quid de la gratuité des transports scolaires, quelles que soient les ressources des parents des bénéficiaires ? Il s'agit, à tout le moins, de choix politiques sur lesquels les élus départementaux veulent continuer d'arbitrer librement, forts de leur compétence générale.


Pourtant, cette faculté d'agir en tout domaine au nom de l'intérêt général est confrontée à des difficultés financières. Les conseils généraux, qui viennent de perdre l'essentiel de leur pouvoir de lever l'impôt - ils ne maîtrisent plus que 10 % de leurs ressources -connaissent des fins de mois difficiles.


Face au risque de déficit budgétaire et de mise sous tutelle, les exécutifs départementaux font primer le principe de précaution et réduisent la voilure. Il leur revient de rompre aussi avec une certaine gabegie qui consiste à exploser sans raison apparente et suffisante  leurs charges de fonctionnement et d’investissement. Ils doivent prendre conscience qu’ils ne peuvent indéfiniment augmenter leurs impôts ou s’endetter au risque d’hypothéquer gravement l’avenir de leur collectivité.


En même temps, la lourde responsabilité de l’Etat ne saurait être occultée.


Depuis plusieurs mois, la gauche mène une offensive médiatique sur le thème de l'atteinte aux services publics dans les territoires et d'une recentralisation rampante préparée par l'Elysée.


Enfin, une vingtaine de départements sont déjà en quasi-faillite et ce chiffre pourrait doubler en 2011 pour le grand malheur des allocataires de minimas sociaux et des bénéficiaires de certains services publics locaux...

 

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2 février 2010 2 02 /02 /février /2010 22:55

Exit le cas Frêche dont les retombées politico-électorales sont loin d’être connues.


Ils sont neuf. Royal, Aubry, Strauss-Kahn, Hollande, Delanoë, Moscovici, Fabius, Valls, Peillon… A plus de deux ans de la prochaine élection présidentielle, la liste semble déjà interminable. Avant même d'avoir commencé à bâtir son projet pour 2012, Solférino souffre d'une «présidentialite aigüe» jamais connue.


Marchant sur les cendres de 2002 et espérant tourner - enfin - la page de 2007, chacun rêve du fauteuil élyséen. Et d'aucun n'entend pour l'instant se rallier à un autre, comme cela avait été le cas en 2006, où les militants n'avaient finalement eu le choix qu'entre trois candidats.


Le niveau d'affrontement et de haine entre les différents cadres du parti socialiste finira forcément par monter d'un cran. Entre les éléphants du parti, les vieux adversaires du référendum européen de 2005, les revanchards du Congrès de Reims, les jeunes ambitieux ou le « joker » du FMI, la guerre est donc ouvertement déclarée.


Parmi la dizaine de postulants, il semble illusoire de croire vraiment aux chances de Vincent Peillon, Bertrand Delanoë et Pierre Moscovici. A l'origine, l'ancien lieutenant de Ségolène Royal visait plutôt à prendre en main le courant de l’Espoir à gauche, tout en visant la tête du parti en 2011. Mais l'ex-candidate est revenue aux affaires et lui a barré la route. En dépit de sa popularité auprès des Français, le maire de Paris, lui, a assuré qu'il comptait aller jusqu'au bout de son mandat local, soit en 2014. Quant à Moscovici, il a affirmé qu'il retirerait sa candidature si Strauss-Kahn revenait. Ces propos illustrent assez bien son quasi absence  de détermination.


Laurent Fabius et Manuel Valls ont probablement un peu plus de chances. Mais l'ancien premier ministre souffre d'un handicap rédhibitoire : les militants socialistes ne le plébiscitent pas beaucoup, les sympathisants de gauche, encore moins... Dans son entourage, on évoque désormais la présidence du Sénat, si d'aventure la haute assemblée basculait à gauche en 2011. Le député-maire d'Evry, lui, a fait part de sa détermination très tôt, mais pourrait se ranger, comme Moscovici, derrière Strauss-Kahn. Pourquoi pas derrière Ségolène Royal ou Martine Aubry  et même François Hollande ?


Dominique Strauss-Kahn, Ségolène Royal , Martine Aubry et François HollandeHolla constituent le quatuor de favoris. Si pour le premier, la part d'inconnue est encore grande, les trois autres ont beaucoup à gagner - et à perdre - lors des élections régionales. Car dans ce scrutin, chacun aura à prouver quelque chose à l'autre. Une observation encore plus vraie pour François Hollande, placé au rang d'outsider.


Martine Aubry, aux yeux  des français reste la femme  de gauche qui a instauré  la  politique (audacieuse ou critiquable selon les bords où on se trouve) des 35 heures. Une victoire aux régionales de Mars 2010 et une remise en ordre idéologique du PS la rassureraient forcément dans ses ambitions  pour 2012. Une ambition encouragée voire suscitée par ses fidèles lieutenants qui lorgnent  « par procuration » le fauteuil élyséen ; lesquels d’ailleurs, se verraient récompensés en cas de victoire de leur leader.


Quant à Ségolène Royal, son salut et  son sursaut « sondagier » doivent découler de son score à Poitou-Charentes. En décidant de s’associer au Modem malgré l’opposition de certains camarades poitevins (même si  Martine Aubry a fait pareil à Lille pour les municipales), elle court un risque sérieux de « délégitimation »  en cas d’un score assez faible.  En clair, sa seule victoire aux régionales ne suffirait pas, il lui faudrait réaliser un résultat honorable qui graverait dans le marbre son rapprochement obsessionnel avec le Modem afin de pouvoir infléchir les jeux d’alliance au sein du PS ; une manière habile en fait pour Ségolène de se retrouver pendant longtemps au top de l’affiche socialiste.


S’agissant de François Hollande, un personnage dont le talent et la compétence sont souvent caricaturés à tort,  n’en reste pas moins un présidentiable à tout le moins brillant. Ses théories sur la fiscalité et le développement économique renseignent grandement sur son acuité intellectuelle. Une défaite des socialistes aux régionales servirait sa cause. Il peut se targuer, lui d’avoir toujours gagné les élections intermédiaires (européennes  et régionales de 2004).


Est-ce que, d'ici à la primaire, un élément pourrait permettre au PS de dépasser cette guerre sourde des égos ? Rien ne l’indique pour l’instant.


Ce qu'il faudrait aux socialistes pour qu'ils se remettent réellement en ordre, c'est (en sus d'un positionnement idéologique clair articulé autour d'un véritable projet) une victoire à la présidentielle. Mais d'ici là, comme chacun veut être le représentant du parti socialiste face à Nicolas Sarkozy en 2012, l'affrontement risque de  perdurer... encore et encore.

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14 janvier 2010 4 14 /01 /janvier /2010 17:42

Avec sa proposition de loi sur le vote des étrangers, le Parti socialiste fait ressortir une stratégie visant depuis trente ans à tenir la dragée haute à la droite à la veille d'échéances électorales majeures.

Cette manœuvre de Martine Aubry relève tant de la stratégie interne en vue des régionales de mars prochain que de la primaire pour la présidentielle.

La question du droit de vote des étrangers aux élections locales est devenue lancinante au début des années 1980, lorsque François Mitterrand en a fait un des thèmes de sa campagne pour la conquête de l'Elysée, afin  de susciter puis d'exploiter la montée du Front national et éparpiller les voix de la droite.

Le retour de ce thème à deux mois du premier tour des élections régionales semble faire écho à la stratégie d'alors. Pourquoi s’en priver me dira-t-on !!

Au pouvoir pendant la majorité des années 1980 et 1990, la gauche aurait pu à maintes reprises faire adopter cette mesure.

Le dernier gouvernement socialiste, animé par Lionel Jospin entre 1997 et 2002, l'avait envisagé mais son projet de loi n'a jamais été examiné par le Sénat et fut donc enterré de facto, cette réforme nécessitant en outre une modification de la Constitution avec une majorité de 60% au Congrès.

Nicolas Sarkozy s'est saisi de l'idée durant sa campagne présidentielle, dans le cadre d'accords bilatéraux avec le pays d'origine, mais sans l'inscrire au programme de son mandat.

L’immigration, la nationalité ou la citoyenneté étant, à l'initiative du chef de l'Etat, revenues en force dans le débat politique, le PS en  profite pour faire resurgir cette idée du droit de vote des étrangers.

Rappelons qu’ à l’instar de l'Italie ou l'Allemagne, la France exclut des scrutins locaux les étrangers non ressortissants de l'Union européenne, autorisés à voter au Benelux ou dans les pays scandinaves.

Cela concerne certes une grande partie de la population puisque, selon les chiffres de l'Insee, la France comptait en 2005 quelque 1,8 million d'étrangers non ressortissants de l'UE âgés de plus de 15 ans, soit 3,6% environ de la population âgée de plus de 15 ans.

Mais s'il l'a été dans les années 1970, avec une forte demande notamment d'Algériens ayant combattu pour la France, le droit de vote n'est plus une priorité pour les étrangers. En l’état actuel des choses, on peut le qualifier de gadget électoraliste déconnecté des vrais besoins des étrangers.

Que veut l’immigré ou l’étranger (que je qualifie de « Dreyfus des temps modernes ») ?

Il veut que le mot égalité retrouve son entièreté par une lutte effrénée contre les discriminations dont il est fréquemment victime. Il souhaite que les valeurs de la république soient aussi mises à son profit. Il veut participer activement aux efforts de ce pays sans être taxés maladroitement de parasite ou de profiteur. (Il y participe d’ailleurs déjà et depuis très longtemps malgré les contingences qui lui sont opposées). En clair, il veut que l’égalité en droit se transforme en égalité en fait dans sa vie de tous les jours.

 

Pour y parvenir, il ne suffit pas de lui assigner une fonction de bétail électoral pour les élections locales. Il ne suffit pas non plus de l’appâter avec la promesse d’en faire un citoyen local à part.   

La priorité en matière de droits des étrangers n'est pas dans le vote, mais dans les règles touchant à la nationalité, notamment la réforme de la naturalisation. Un étranger qui réunit certaines conditions doit avoir la possibilité d’accéder facilement à la citoyenneté française. Un toilettage des textes de loi régissant la nationalité s’impose  à tout égard.  C’est sur ce point que doit se focaliser le combat des socialistes s’ils veulent vraiment associer les étrangers (français en devenir) à la gestion des affaires de la cité.

 La proposition socialiste n’est  pas tant une idée en faveur des étrangers qu'un argument électoral du moment.

C'est certes une manière habile pour Martine Aubry de s'affirmer à gauche, dans son idée de l'alliance la plus à gauche. Mais cette stratégie n’est pas exempte de risques : Il n'y a pas eu de sondages récents et je ne suis pas sûr que les Français sont favorables à cette idée.

Martine Aubry use évidemment d’un discours fortement clivant et identitaire. Elle cherche à décomplexer le parti socialiste, à asseoir sa légitimité dans la primaire qui se prépare.

C’est naturellement un discours qui peut plaire à certains militants ; ceux-là même qui se mobiliseront durant la primaire. Mais derrière le discours, il faudra des actes forts !! Et c’est là que l’on risque d’entendre cet intarissable refrain : « les socialistes une fois au pouvoir font le contraire de ce qu’ils avaient promis ou… ne font rien de ce qu’ils ont promis » !! Plus jamais ça chers camarades…..

 

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5 janvier 2010 2 05 /01 /janvier /2010 18:14

Inéquitable et inefficace, c'est grosso modo le double motif invoqué par le Conseil constitutionnel pour invalider la loi instituant la taxe carbone que Nicolas Sarkozy avait voulue emblématique de sa volonté réformatrice et de ses priorités écologiques.

 Si le sujet n'était pas aussi sérieux, on pourrait s'amuser de cet hommage rendu a contrario par nos gardiens de la Constitution au reste de notre édifice fiscal, qui ne paraît pourtant pas toujours exemplaire sur les deux critères qu'ils ont ainsi mis en avant. Un d'entre eux apparaît d'ailleurs carrément problématique : il s'agit de l'inadéquation, soulevée par nos sages, entre le dispositif proposé par le gouvernement ( et voté par le parlement) et les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre qui l'ont motivé. En ma qualité de juriste, je m’interroge (quand bien même l’injustice sociale grevant le dispositif de la taxe carbone ne fait aucun doute) : Est-on encore dans le domaine du droit constitutionnel ? En clair, une interprétation extensive  du principe de  proportionnalité fait-elle partie des prérogatives du conseil constitutionnel ?

Le fait est, malgré tout, que siègent rue Montpensier d'anciens présidents de la République qui, pour être devenus des sages, n'en sont pas moins hommes. En agitant de tels arguments, ne cèdent-ils pas à la tentation de continuer à peser sur la politique de leur pays par d'autres moyens ?

En tout cas, il ne fait pas de doute que cette décision, surprenante sur le plan juridique, mais rassurante sur le plan social, constitue un nouveau revers pour le président de la République, transformant la seconde partie de l'année 2009 en une sorte de série noire pour l'exécutif. Ce grippage de la mécanique sarkoziste est d'autant plus étonnant qu'il s'est produit sur des réformes en apparence plutôt consensuelles. Le principe de la taxe carbone avait été salué de la gauche à la droite. L'idée de « verdir » notre fiscalité apparaissait, comme on aurait dit naguère au PS, largement « transcourants » dans la vie politique nationale. De même, la suppression de la taxe professionnelle, impôt « bizarre » mais pourvoyeur de fonds des collectivités territoriales, déjà qualifié d'« imbécile » par François Mitterrand il y a vingt-sept ans, aurait pu passer comme une mesure de sauvegarde de la compétitivité des entreprises. Rescapée, à quelques détails près, de l'examen du Conseil constitutionnel, son vote a toutefois donné lieu à une  levée de boucliers au sein de la majorité présidentielle. On ne peut pas dire non plus que le principe de la réforme de notre « millefeuille » des collectivités locales ne soit pas la concrétisation d'une multitude de réflexions menées dans tous les camps sur ce thème. Ce qui ne l'a pas empêchée de tourner à la bataille de tranchées.

Qu’est-ce qui pose alors problème ? Ce pays est-il réformable ?

Le plus souvent, la mise en cause du « style Sarkozy » fournit facilement l’explication à ce paradoxe. Annonces à la hussarde, accélération débridée du tempo administratif, mépris pour l'intendance politicienne : la forme nuirait au fond. Le problème, c'est que ce volontarisme sarkoziste est si ostentatoire  qu’il ne laisse pas de place à la concertation et au compromis.

Arrondir la forme sans abandonner le fond, tel est le vœu qu’on peut former pour Nicolas Sarkozy en 2010.

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8 décembre 2009 2 08 /12 /décembre /2009 17:12

Après quelques hésitations dont le président américain semble décidément coutumier, tous les leaders des principales puissances de la planète vont se retrouver à Copenhague. Les climatologues ont réussi l'exploit de faire de la lutte contre le réchauffement climatique un des rares exemples, avec la paix, de cause politique universelle. L'idée selon laquelle les gouvernements devaient se préoccuper des effets de l'accumulation de CO2 sur la température du globe est apparue dans les rapports d'experts au milieu des années 1960. Il aura fallu un demi-siècle pour passer de l'appréhension du problème à la prise de conscience mondiale du problème. Combien de temps mettra-t-on pour se donner les moyens de s'y attaquer ? C'est là tout l'enjeu des conciliabules qui ont débuté hier dans la capitale danoise.

La réponse à cette question est loin d'être évidente. Le défi que doit relever la communauté internationale se situe sans conteste à la limite de ce que sait faire l'action politique. Les objectifs fixés par le protocole de Kyoto, signé en 1997, entré en application en 2005, et qui seront reformulés dans un nouvel accord en 2014, si le sommet de Copenhague tient ses promesses, sont restés à bien des égards lettre morte. Et pour cause. Ce que l'on pourra faire dès maintenant pour limiter les émissions de dioxyde de carbone n'aura pas de résultat tangible avant des décennies. Autrement dit, les décideurs d'aujourd'hui ne seront ni les perdants ni les bénéficiaires de demain. Pire encore, les pays développés, qui ont le plus d'efforts à consentir en ce domaine, sont aussi ceux qui souffriraient le moins des conséquences d'un réchauffement trop marqué de la planète. En outre, l'ampleur de la tâche apparaît hors du commun, alors qu'il subsiste une part d'incertitude sur la réalité de la menace.

Selon l'IPPCC, le panel intergouvernemental sur le changement climatique, dont le rapport de février 2007 constitue la « bible » de Copenhague, la probabilité que l'évolution du climat telle qu'on l'observe actuellement soit due à l'activité humaine est de 90 %. Reste qu'il s'agit d'une probabilité. En revanche, la feuille de route assignée aux nations par les scientifiques pour éviter le scénario noir laisse perplexe, autant par son ambition que par sa précision. C'est la magie du chiffre 2. Pour contenir au-dessous de 2 degrés le réchauffement planétaire d'ici à 2050, par rapport à la température constatée à l'aube de l'industrialisation, le monde devra avoir réduit ses émissions de gaz à effet de serre de 50 % - en prenant pour référence les niveaux atteints en 1990. Ce qui signifie ramener ces émissions à 2 tonnes par tête et par an, sur une terre qui comptera, à ce point d'arrivée, 9 milliards d'humains. Nos « productions » de CO2 sont actuellement de 24 tonnes par tête pour les Etats-Unis, de 10 pour l'Europe et de 6 en Chine. Dans le même temps, cela suppose d'organiser un important transfert de richesse vers les zones les moins développées pour les aider à continuer à croître avec des énergies d'origine non fossile. On l'estime au moins à 1 % du PIB mondial, mais sans doute ne se serait-on guère trompé si, pour la beauté de la démonstration, on s'était également fixé sur 2 %.

L'incertitude qui subsiste sur la pertinence de ce diagnostic ne peut servir d'alibi à l'inaction, au contraire. Face à un processus procédant par accumulation, l'immobilisme constitue le plus mauvais des choix. Mais, même si l'esprit de Copenhague souffle sur la petite centaine de chefs d'Etat attendus au sommet, il est illusoire d'espérer qu'un consensus puisse se dégager sur de tels sujets en une dizaine de jours. Vouloir le croire c'est presque faire injure au sérieux de pareil exercice. Ce que l'on attend  de ce rendez-vous, c'est l'affirmation d'une volonté commune et la fixation d'une méthode partagée. De ce point de vue, la crise économique représente moins un frein, comme beaucoup le disent, qu'une incitation à agir. Elle a montré que, si le monde avait plus que jamais besoin de croissance, il devait aussi en changer le modèle ; c’est-à-dire miser sur la social-écologie. La force du capitalisme a toujours été de savoir faire du problème la solution. Du grand bouillonnement de la globalisation a émergé la révolution de l'économie du savoir et des réseaux. Encore une fois, ce sont les politiques qui ont les moyens de répondre à l'immense chantier de la croissance « propre ». Leurs électeurs leur demandent juste de crédibiliser les engagements qu'ils pourront prendre en ce sens. L’heure de la social-écologie a véritablement sonné….

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17 novembre 2009 2 17 /11 /novembre /2009 19:57

« Je sais une chose de Ségolène Royal, c'est qu'avec elle, on ne peut jamais savoir ! » Cette boutade d'un dirigeant socialiste est une opinion qui semble malheureusement se répandre au sein du PS, dès lors que l'on s'éloigne du petit cercle des « aficionados » de l'ancienne candidate à l'élection présidentielle. Au lendemain de la « mauvaise querelle de Dijon », selon le mot de Pierre Moscovici, qui a vu la présidente du Poitou-Charentes s'inviter à un rassemblement politique auquel, elle n'était pas conviée (comme tous les prétendants socialistes pour 2012), son coup d'éclat la marginalise davantage, tout en éclaboussant le PS, qui se serait bien passé de ce nouveau psychodrame.

Au siège du PS, rue de Solferino, Ségolène Royal est de plus en plus perçue comme la femme par qui le malheur arrive. Depuis la rentrée, elle a ainsi pris le contre-pied de son parti en rejetant à la fois la taxe carbone et l'idée d'une contribution climat énergie (défendue par Martine Aubry). Puis, à l'occasion de la parution d'un ouvrage se faisant l'écho de tricheries supposées lors de l'élection de Martine Aubry au poste de première secrétaire, la présidente de Poitou-Charentes a sommé la maire de Lille de traduire les auteurs du livre en justice si les faits décrits étaient infirmés ou, au contraire, d'exclure les responsables des fraudes s'ils étaient avérés.

L'épisode tragicomique du week-end a été unanimement condamné au PS. Certains ont rejeté dos à dos les duettistes. C'est le cas de Pierre Moscovici. « Le mécontentement de Vincent Peillon […] se comprend, explique le député du Doubs sur son blog. Il aurait dû la banaliser. Sa colère a au contraire offert à l'ex-candidate l'occasion de se poser en victime, en s'étonnant, non sans fondement, d'être exclue d'un rassemblement de socialistes. » Si Manuel Valls estime que le moment d'organiser cette manifestation n'était peut-être pas opportun, il regrette également l'attitude de Ségolène Royal. « Elle ne construit pas, ne rassemble pas, et sème la zizanie », juge-t-il. La députée Aurélie Filippetti propose avec humour « de rétablir la fessée au Parti socialiste ».

A l'inverse, Jean-Louis Bianco, indéfectible soutien de la présidente de Poitou-Charentes, estime que « Ségolène avait toute sa place à Dijon, comme n'importe quel socialiste mais aussi pour avoir été celle qui a porté la première le projet qui est à l'origine de l'Espoir à Gauche ». Il ajoute même que, « si certains ont pu regretter que Ségolène Royal ne prenne pas toute sa place dans le courant jusqu'à aujourd'hui, nous ne pouvons que nous réjouir à présent qu'elle revienne sur ce terrain-là ».

Ce n'est pas l'avis, évidemment, de Vincent Peillon, qui ne se résout pas à ce que sa manifestation ait « été salie comme ça ». Il rappelle que non seulement Ségolène Royal n'était pas venue lors de la précédente grande manifestation de l'Espoir à gauche au mois d'août, mais qu'elle avait tancé ses proches qui y avaient participé. Il rappelle également que quelques semaines avant le Congrès de Reims « elle n'avait pas de motion, pas de courant ».

Vincent Peillon réunit ce soir quelques ténors de son courant au cours d'un dîner afin d'y voir plus clair. Il lui restera à lever une ambiguïté : comment s'émanciper tout à fait de Ségolène Royal, dès lors que ses proches (Jean-Louis Bianco, Guillaume Garrot, Gaétan Gorce…) continuent, coûte que coûte, d'entretenir un lien entre elle et l'Espoir à Gauche ? N’est-ce pas la même Ségolène qui vient d’annoncer l’éviction de Vincent Peillon de « son » courant ?

A la direction du PS, l’urgence est  de tourner la page. Les dirigeants du PS ont conscience que, si la séquence est plutôt positive depuis la rentrée, leur parti ressemble davantage à un malade en convalescence qu'à un champion en forme olympique. N’est-ce pas dans cette louable perspective qu’ils comptent  poursuivre  leurs attaques contre la réforme des collectivités territoriales et le collectif budgétaire ?

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21 septembre 2009 1 21 /09 /septembre /2009 19:48

Dominique de Villepin clame volontiers que c'est lui qui a remis Nicolas Sarkozy dans le jeu politique, en 1997, alors que l'ancien ministre d'Edouard Balladur restait persona non grata au RPR, depuis la victoire de Jacques Chirac sur son ancien chef de gouvernement en 1995. L'anecdote a été largement confirmée depuis. Le secrétaire général de l'Elysée d'alors avait invité le maire de Neuilly à déjeuner, puis avait convaincu le couple Chirac de lui rouvrir leur porte. Pendant cinq ans, jusqu'à 2002, les relations entre les deux hommes restèrent correctes, marquées par un intérêt commun au modus vivendi : Nicolas Sarkozy pense encore que son ascension peut passer par Jacques Chirac. Il s'engage sans compter dans la campagne de 2002, espérant être nommé à Matignon, et ménage le plus proche collaborateur du chef de l'Etat ; Dominique de Villepin tente de se faire des alliés, lui dont les réseaux politiques sont ténus, surtout depuis qu'il a suggéré la dissolution de l'Assemblée, et pense parier sans risque sur cette personnalité affaiblie par la guerre Chirac-Balladur. Mais déjà dans cette parenthèse bénie de leurs relations, il est impossible de parler de proximité.

Micros éteints, les deux hommes expriment une distance, voire une méfiance de plus en plus grande, en utilisant curieusement le même argument pour se justifier : « Il est incontrôlable. » Le « petit Français de sang mêlé », et l'homme « bien né » ne se comprennent sur rien. A partir de 2002, l'incompréhension se mue en concurrence, puis en rivalité, puis en haine pure.

Lorsque Jacques Chirac ne le choisit pas pour Matignon en 2002 (il choisit Jean-Pierre Raffarin) et fait entrer Dominique de Villepin dans la cour des grands en le nommant au Quai d'Orsay, Nicolas Sarkozy comprend que le chef de l'Etat a choisi un autre dauphin, qu'il devra éliminer s'il veut monter un jour les marches de l'Elysée. Quant à Dominique de Villepin, il a de plus en plus de mal à cacher sa propre ambition (a fortiori lorsqu'il devient lui-même Premier ministre en mai 2005) et se pose comme le fils affectif et spirituel de Jacques Chirac. Dès lors, tout sujet est bon pour se démarquer l'un de l'autre : le modèle social, la discrimination positive, les banlieues… Jusqu'au bout, Dominique de Villepin essaie de résister à l'ascension de son rival, envisageant de se présenter lui-même à la présidentielle jusqu'en décembre 2006. Et, lorsque les dés sont jetés, c'est un mois seulement avant le scrutin qu'il se rallie au candidat UMP.

Le 6 mai 2007 aurait pu changer la donne. Nicolas Sarkozy est élu à 53 % président de la République, son adversaire est politiquement mort. Il n'en est rien. L'affaire Clearstream reste entre eux. Le chef de l'Etat demeure partie civile et Dominique de Villepin se pose en antisarkozyste, critiquant chaque point de sa politique, sans que l'on n’ignore évidemment pas ce qui les anime encore l'un et l'autre. 2012 bien-sûr, date de la prochaine élection présidentielle…

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29 juillet 2009 3 29 /07 /juillet /2009 16:31

Qu'a-t-on réellement gardé du discours du président de la République devant le Parlement réuni en Congrès de Versailles? Que le chef de l'Etat, renouant avec l'esprit de la Résistance, voulait mobiliser les Français pour préparer l'avenir, un grand emprunt devant financer les priorités nationales définies en accord avec le Parlement et les partenaires sociaux.


L'idée semble géniale: que peut-on concocter de mieux en période de crise économique que de détourner l'attention des problèmes d’aujourd’hui pour focaliser les regards sur les projets d'avenir? Quoi de plus habile que de déstabiliser une opposition  en reprenant ses idées: mobiliser l'épargne pour stimuler l'économie par la dépense publique? On complète le tableau en faisant entrer au gouvernement un ministre portant un  nom hautement symbolique pour le peuple de gauche, on accorde un grand entretien au Nouvel Obs. et le tour est joué. L'ex-président de l'UMP devient le président de tous les Français, celui qui porte au plus haut le «modèle républicain». Mascarade ?

En face, toutes les critiques sur l'intérêt de lancer un grand emprunt tombent dans le débat technique, qui passionne peu le grand public et ne laisse guère de traces dans l'opinion. Pourtant, malgré tout, on peut et on doit se poser la question: le grand emprunt annoncé aussi solennellement a-t-il une chance d'être réellement lancé? On peut en douter.


Un grand emprunt national visant à mobiliser la nation peut désigner un ennemi commun. Cela a été longtemps le cas en France quand il s'agissait de financer l'effort de guerre. Nous ne sommes pas dans ce schéma. Il peut répondre à la nécessité de trouver des capitaux qu'il n'est pas possible d'attirer autrement. Nous ne sommes pas non plus dans ce cas de figure. Les emprunts lancés par l'Agence France Trésor trouvent toujours preneurs, à des conditions qui ne sont guère éloignées de celles de l'Allemagne, la référence dans la zone euro. Un grand emprunt public peut aussi se justifier par le souci de retirer de l'argent du circuit de la consommation pour le faire revenir dans celui de l'épargne: la préoccupation actuelle est exactement contraire.


L'économiste Patrick Artus s'est essayé à mesurer les conséquences d'un grand emprunt de 100 milliards d'euros, pour reprendre un chiffre qui a circulé. Sachant que l'épargne financière des ménages français est estimée à 120 milliards annuellement, on voit l'impact d'une telle opération. Ou l'emprunt a pour effet de faire remonter le taux d'épargne financière et la consommation risque de souffrir, ou il draine les capitaux allant sur d'autres placements, notamment l'assurance-vie, largement investie en emprunts d'Etat, ce qui pourrait faire monter un peu les taux auxquels le Trésor se finance sur les marchés (ce qui n'est pas non plus le but du jeu).


La mobilisation autour d'un emprunt public peut aussi avoir une motivation très politique: montrer au pays qu'on prend l'argent là où il est. C'était le cas de l'emprunt Mauroy de 1983, réalisé au taux de 10% alors que l'inflation était à 9,6% et obligatoire pour tous les contribuables payant plus de 5.000 francs d'impôt sur le revenu ou la fortune. Ce schéma a été clairement écarté: l'opération vise à séduire des électeurs de l'opposition sans déplaire à ceux de la majorité.


Un autre élément important dans un souci de mobilisation est la rapidité du passage à l'action. Là on nous dit que ce ne sera pas avant le début de 2010. On nous dit aussi que ce ne sera pas pour financer un deuxième plan de relance. Mais s'il s'agit simplement de financer des priorités nationales (ce qui est normalement l'objectif de tout emprunt), on ne comprend pas pourquoi il faudrait six mois pour les définir. Cela voudrait-il dire que l'équipe au pouvoir depuis deux ans n'a pas encore réfléchi à ce qu'elle voulait faire? C'est plutôt inquiétant.


Mais le président de la République lui-même indique ce qui a des chances de se produire. Reprenons son discours: «Quant à l'emprunt, son montant et ses modalités seront arrêtés une fois que nous aurons fixé ensemble les priorités. Nous le ferons soit auprès des Français, soit sur les marchés financiers». Tout est dit: d'ores et déjà, le pouvoir se réserve la possibilité de ne pas lancer de grand emprunt auprès des Français et de continuer à se financer sur les marchés, comme avant. En attendant, nous aurons assisté, une fois de plus, à un exercice de communication de grande qualité. L'emprunt peut bien faire pschitt, cela n'a aucune importance: l'idée seule a servi, il n'est pas nécessaire de passer à la réalisation.

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20 juillet 2009 1 20 /07 /juillet /2009 23:21

Manuel Valls, qui a brandi sa « fidélité »  à sa famille politique, a fait fi de l'ultimatum lancé mardi par Martine Aubry lui sommant de rentrer dans le rang ou de partir.

La position de la première Secrétaire  face à ce petit défi n'est pas encore connue. Mais le bon sens veut que le parti socialiste réactive sa boîte à sanctions à l’égard  de  ceux qui refusent de jouer collectivement dans l’intérêt du parti.

Léon Blum disait : « L’homme libre est celui qui n'a pas peur d'aller jusqu'au bout de sa pensée ».

Ma pensée est donc la suivante : Manuel Valls a franchi la ligne jaune par ses déclarations tapageusement  intempestives et faussement novatrices sur la vie du parti socialiste.

« Le PS doit changer de nom, d'idées, ne plus être socialiste, Sarkozy n'a pas toujours tort, je veux des white et des blancos », telles sont quelques unes des rodomontades vociférées par Manuel Valls dans les médias pour marquer  son iconoclastie ou sa curieuse appétence à la rénovation. Bien joué ?

Il est, certes, compréhensif qu’un homme politique, surtout à cette ère de délire communicationnel, cherche à exister médiatiquement. Mais cette existence ou connivence médiatique ne doit pas se faire au mépris de l’intérêt  du parti qui donne l’investiture. On peut exprimer librement ses opinions, proposer des vrais sujets de réforme ou de rénovation sans pour autant distordre l’esprit de solidarité qui doit animer les membres d’un même parti.

Le rappel à l’ordre de Martine Aubry vient à point nommé car il était  temps  que le PS indique le chemin de la raison et de la légitime discipline à tous ceux qui auraient encore envie de distiller  les petites phrases pour assouvir leur quart d’heure de gloire médiatique.

On peut critiquer le chemin ouvertement médiatique emprunté par Martine Aubry pour tancer Manuel Valls, mais il n’en demeure pas moins que le but poursuivi (c’est-à-dire, mettre un terme  aux atteintes cacophoniques et  malsaines contre le PS) est louable et fortement appréciable.

Le fait que Martine Aubry soit « mal »  élue (avec 102 voix d’avance sur Ségolène Royal) ne donne aucune prime aux discours grognards rompant avec un certain respect des statuts du parti et de sa dignité.

Un  pouvoir est faible s'il ne tolère pas qu'on l'avertisse de ses erreurs. Certainement, Martine Aubry avait beaucoup de cartes en mains après le congrès de Reims. Mais elle  n'a pas pris, avec l'énergie  suffisante, la mesure des choses. Elle aurait dû  revoir profondément  la gouvernance du PS  après Reims. On peut donc  valablement lui reprocher des choses sans pour autant basculer dans la fausse rébellion ou dans un cirque médiatique nuisible à l’intérêt du parti et à ses militants.

Oui, les militants. Que vaut Manuel Valls en termes de poids au niveau des militants ? 1%, 2%, 3%, etc… ? Les autres militants en ont certainement marre de le voir squatter les médias pour tirer contre son camp. Est-ce qu’il y pense quand il se rase, vu qu’il s’est déclaré candidat aux primaires ? (moi aussi, je suis candidat, puisque c’est la mode. Et alors ?).

Le militant de base qui s’évertue à  coller des affiches,  à distribuer bon an mal an  des tracts au marché et qui entend dans les médias qu’un membre du bureau national tire à bâtons rompus contre son camp a de quoi se démotiver. Ne parlons même pas du  désarroi  du sympathisant qui voit ses espoirs partir en fumée à cause des personnes qui ont oublié de défendre des valeurs, des principes, et des idées pour lesquels elles ont été investies par leur parti.

Valls n'a aucun intérêt à quitter le PS aujourd'hui, sauf à devenir dans les jours qui viennent ministre du gouvernement Sarkozy-Fillon. Il attendra la rentrée pour reprendre sa rengaine au lieu de provoquer de véritables débats d’idées. Evidemment. A la grande satisfaction de qui vous savez (Nicolas Sarkozy, bien-sûr…).

 A l'arrivée, Aubry sera bien embêtée. Si elle laisse faire, on dira que décidément ses courriers sont comme des papiers jetables. Si elle enclenche la machine à exclure, on dira qu'elle est sectaire. Je vois d'ici les communiqués de Frédéric Lefebvre: « Une fois de plus le PS montre qu'il est devenu une secte intolérante et tournée vers le passé... etc. ».

Avec son courrier, Aubry ne s'offre que deux mauvaises solutions pour résoudre le problème Valls. Le garder sachant qu'il va continuer à faire le jeu de qui vous savez. Le virer, sachant que le PS passera encore pour un parti ringard (faites confiance à une certaine presse pour déplorer l'exclusion du moderne Valls). Dans ces cas là, autant choisir le moindre et ce, le plus vite possible. Dans notre belle société médiatique, un Valls, isolé dans sa mairie d'Evry, devenu inutile pour qui vous savez, n'intéressera plus grand monde, passés les huit premiers jours d'émotion. En clair, si Martine Aubry est cohérente, Valls devrait être éjecté du PS avant la fin de l'automne….Bref, personnellement je juge, pour l’instant, inopportune son éventuelle exclusion même si la situation est sans conteste délicate pour Martine Aubry.

Je rappelle qu’il ne peut y avoir qu'un vainqueur à Gauche: l'Espoir. Au 21e siècle, face à la droite, immobile depuis deux cents ans, crispée par son éternel refus de 1789 et de ses prolongements (1848, 1905, 1936, 1945, 1981), la gauche doit se battre, encore et toujours, pour que le Pain, la Paix, la Liberté ne soient pas que des vains mots. Aucun espoir, aucun projet ne se construit dans la cacophonie ou l’indiscipline.

Enfin souvenez-vous de ce que Ségolène Royal disait en juin 2008 dans VSD : « Est-il normal que ceux qui insultent leur parti puissent rester candidats au nom de ce parti? » (...) « Les militants ne tolèrent pas que des élus portent atteinte à la dignité du parti ou aux règles élémentaires de fraternité au sein du PS, alors qu'ils lui doivent leur élection. (...) Il faut instaurer un système de droits et de devoirs. On est élu parce qu'on bénéficie d'un parti, de ses militants, de son histoire, eh bien, on a des devoirs à l'égard de ce parti».

« Et ce système, si j'étais désignée (Premier secrétaire: NDLR), je le mettrais en place. Si le risque de perdre son investiture parce que l'on se comporte mal en dénigrant son parti ou en injuriant d'autres socialistes existait, nous n'assisterions pas à ce type de dérapages. (...). Seul doit nous animer le débat d'idées. Mais, lorsque le parti aura décidé sa ligne politique, il faudra s'y tenir. Les militants ne supportent pas le brouhaha actuel, d'autant moins que ce sont des responsables politiques qui se permettent de porter atteinte à l'image du parti ».

Et voilà. C'était un entretien que Martine Aubry et tous les camarades de Manuel Valls reliront sans doute avec délectation.
 

PS : Je n’ai pas évoqué le cas Julien Dray parce que j’estime que ses diatribes  s’expliqueraient plutôt par le fait que Martine Aubry ne l’ait pas réellement soutenu quand il a été mis en cause à la suite du signalement de Tracfin.

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  • Hervé-Mélaine AGBESSI
  • Docteur en droit public économique, diplômé de l'université de Paris 1 (Panthéon-Sorbonne). Expert en fiscalité internationale.
  • Docteur en droit public économique, diplômé de l'université de Paris 1 (Panthéon-Sorbonne). Expert en fiscalité internationale.

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