Hausse des taux d'intérêt, euro bien fort que jamais, prix du baril de pétrole qui a atteint les 100 dollars depuis hier, hausse du coût du crédit en raison des « subprimes », c’est-à-dire la crise du marché immobilier américain liée aux prêts hypothécaires: Les difficultés économiques sont bien là. La croissance va en pâtir et il serait exagérément optimiste pour le gouvernement de miser sur une réduction du déficit public et de la dette.
Au mois d’Août 2007, la dette s'établissait à 65,9% du PIB. Sarkozy s'est engagé à la ramener à 60% du PIB en 2010 dans le scénario le plus optimiste, sinon en 2012. Mais personne n’est dupe ! Il suffit juste de se pencher un tant soit peu sur les largesses fiscales accordées aux plus aisés et sur la faiblesse de notre balance commerciale (malgré les nouvelles techniques de vente du Président à la Chine et à la Lybie !!) pour se rendre compte du scénario approprié. D’ailleurs, l'OCDE prévoit plutôt un alourdissement de la dette française, à 67% du PIB d'ici fin 2009.
Le budget a été bâti sur une prévision de croissance à 2,25 %. Aujourd’hui, il est estimé à 1,9 % par l’OCDE et malgré cela, Sarkozy mise toujours sur son paquet fiscal et sur la monétarisation des RTT bénéficiant uniquement à quelques heureux salariés pour changer les choses ! Entre l’optimisme présidentiel et la dure réalité des règles économiques, il y a un grand fossé !
« Que la croissance soit à 1,9% ou 2,3%, au fond, cela ne change pas grand-chose car, ce que je veux, c'est 3% », disait le président avec un brin d’arrogance en Septembre 2007.
En l’état actuel des choses, force est de reconnaître que, avec un taux de croissance faible, le paquet fiscal coûte très cher aux deniers publics et le choc de confiance tant promis se fait toujours attendre.
Tenez !confiance, voilà un mot qu’il faut savoir interpréter quand il est prononcé par Sarkozy et ses sbires ! Le Président de la République qui s’était fait l’ardent défenseur du pouvoir d’achat des français semble avoir oublié ses promesses. Les franchises médicales sont entrées en vigueur, le transfuge Eric Besson commence déjà à nous bassiner avec la TVA sociale afin que notre subconscient intègre cette douleur financière qui nous attend après les municipales !
Sans oublier la condamnation à mort des 35 heures annoncée par François Fillon. Celui-ci a annoncé son intention de légiférer dans le domaine de la durée du travail pour assouplir et simplifier le droit actuel. Ainsi, écrit-il, « les heures effectuées au-delà de 35 heures resteront défiscalisées et exemptées de cotisations sociales, comme les heures supplémentaires actuellement. Mais, en fonction des accords, elles ne seront plus toutes payées avec 25% de bonus ».
Ainsi, le gouvernement reviendrait sur une promesse majeure de M. Sarkozy, qui indiquait dans son projet publié avant les élections que « les heures supplémentaires seront toutes payées au moins 25% de plus que les heures normales ». Confiance, quand tu nous tiens !!!
Enfin, par un jeu de mots aussi fumant que fumeux, Sarkozy nous promet une politique de civilisation. Qu’est-ce à dire ? A mon avis, pour l’instant, rien. Comme le sociologue Edgar Morin, auteur du livre "Pour une politique de civilisation" dont la formule a été reprise lors des vœux présidentiels, il serait heureux que Sarkozy développe les axes qu’il entend donner à cette politique. Sinon, tout ça, ce sont des paroles en l’air.
Pour finir, de l’autre côté, Ségolène Royal se déclare candidate pour prendre la tête du PS à la place de son Ex. Ambition noble et respectable. Certes, quand l’on a récolté 47 % des voix au second tour des présidentielles, ça donne des ailes, du souffle et de la motivation. Mais à l’heure où l’on parle des idées, de la rénovation, de la conception d’une nouvelle dynamique socialiste, est-ce vraiment le moment pour une annonce de candidature ? Le combat pour les idées doit primer sur les ambitions personnelles. Ségolène Royal et les autres prétendants au poste de premier secrétaire, doivent au préalable présenter leurs idées-clés pour la rénovation avant d’exprimer une quelconque ambition. Le PS n’a plus le temps de patauger dans des primaires interminables.
Pendant que Sarkozy et l’UMP créent la désillusion, le parti socialiste devrait plutôt s’attacher à créer l’espoir ! Alors 2008 : espoir ou désillusion ?