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18 novembre 2007 7 18 /11 /novembre /2007 20:31

L’acide désoxyribonucléique (ou ADN en abréviation) est une molécule que l'on retrouve dans toutes les cellules vivantes. L'ADN est le support de l'hérédité ou de l'information génétique, car il constitue le génome  des êtres vivants et se transmet en totalité ou en partie lors des processus de reproduction.

 Mais que vient chercher l’ADN dans la sphère politique ? Quel lien immédiat existe-il entre  l’information génétique et la politique ? Un humaniste répondra aucun !!Mais Sarkozy et Hortefeux répondront « immigration ». Oui, l’immigration est un thème qui déchaîne les passions ; un sujet extraordinaire sur lequel peuvent plancher professionnels et non-professionnels. Pas besoin d’avoir une compétence spéciale pour en parler ! Pourquoi ?parce que c’est l’immigration, c’est-à-dire l’autre ; celui qui vient soi-disant « manger le pain des français ». Qui accepterait qu’un autre vienne manger son pain sans réagir ?
 
Pour un partage « raisonnable » du pain des français, le Président Sarkozy et son ministre de l’immigration ont trouvé la parade : l’ADN, disons plutôt l’ADN mitochondrial, c’est-à-dire un ADN provenant de l’ovule de la mère et qui se transmet à la descendance.
 
Toute cette gymnastique biologique pour l’ « autre » ! Au mépris de la loi bioéthique du 06 Août 2004 qui exclut l’usage des tests ADN à des fins autres que médicales et judiciaires.
 
Quand il s’agit de l’immigration, tout est possible ; ça fait vendre  et c’est trop passionnant ! Pourquoi se priver des tests ADN, comme l’ont pensés le député Mariani et le ministre Hortefeux !
 
Mais Dieu étant aux malheureux ce qu’est le Conseil constitutionnel  à la vie législative, ce dernier a dénaturé voire vidé de sa substance l’article 13 du projet de loi Hortefeux qui permettait les tests ADN.
 

Selon le Conseil Constitutionnel « la filiation de l'enfant étranger reste soumise à la loi personnelle de la mère étrangère ».  En  d’autres termes, la preuve de la filiation d'un enfant (biologique, reconnu, adopté) se fait selon les modalités du pays maternel.

 Autre réserve: l'article 13 « ne dispense pas les autorités diplomatiques ou consulaires de vérifier au cas par cas les actes d'état-civil produits » par les demandeurs de regroupement familial. Ce travail de vérification devra précéder toute proposition de test ADN.
 
Le Conseil a voulu ainsi interdire "une application systématique du recours aux tests ADN".
 
On peut se satisfaire de la décision du Conseil Constitutionnel, mais il n’empêche que l’immixtion de l’ADN (malgré toutes les réserves du Conseil) dans la gestion de l’immigration doit nous interpeller sur sa gravité ou  sa complexité.
 

Pendant longtemps, le parti socialiste (par pudeur ou par hypocrisie) n’a proposé aucune politique sérieuse de l’immigration. Elle s’est plutôt contentée de dénoncer « assez facilement » les mesures prises par la droite.

 Certes, il peut être malaisé pour un parti à vocation humaniste comme le parti socialiste d’avoir une position tranchée sur l’immigration. Mais il n’en reste pas moins que le PS, au regard de la mondialisation et les déplacements de population qui en découlent, doit pouvoir proposer une offre politique d’immigration qui ne serait ni draconienne ni permissive mais réfléchie.
 

Le forum de la rénovation sur les socialistes et la Nation doit servir de cadre de réflexion afin de faire émerger une autre façon d’appréhender l’immigration.

 La mondialisation nous oblige de sortir du contexte de la Nation pour expliquer certains défis.
 
Exhiber ou vanter excessivement  la Nation comme l’avait fait Sarkozy lors de la campagne présidentielle relèverait plus de la  tactique que de la réflexion. Certes, toute personne vivant ou ayant vocation à vivre en France doit en connaître les valeurs, les symboles et les règles. Mais cela règle-t-il le vœu « du vivre ensemble » à la Renan ? Je crains que non car pour réaliser ce vœu du vivre-ensemble, il faudra d’abord s’attaquer aux problèmes socio-économiques de ce pays.
 

La résurgence de la Nation dans le débat politique devrait plutôt nous inciter à réfléchir sur le rôle l’Union européenne ! Certains esprits, souvent mal intentionnés, n’hésitent pas à la fustiger en cas de difficultés économiques au niveau national.

 Delphine Batho, malgré toute la sympathie que j’ai pour elle, a un peu tort quand elle estime qu’on « assiste à une disparition du cadre intermédiaire qu’est le pays ». Le pays n’a jamais disparu et ne s’est jamais fondu dans l’Union européenne. Ce sont les difficultés économiques du pays qui créent l’illusion de sa disparition et, de facto les citoyens pensent à tort que ces difficultés proviennent de l’inertie de  l’Union européenne.
 

Grâce à l’euro, on amortit le choc pétrolier ! Grâce à l’Union européenne, l’espace commercial européen a été dynamisé et a enrichi du coup les échanges intra-communautaires. Ce n’est pas rien. Ce n’est pas assez non plus.

 Ceci étant, tant que l’Union européenne n’apportera pas de réponses crédibles aux défis posés par le capitalisme financier, les délocalisations, la recherche et développement, elle sera toujours perçue comme l’élément perturbateur et favorisera sans le vouloir  (si ce n’est déjà fait) le retour à toute idéologie nationale par certains partis républicains.
 
Dans ce contexte de globalisation économique, ce serait un leurre de penser qu’une Nation comme la France, prise individuellement, peut à elle  seule régler les problèmes colossaux qui en découlent.
 

La Nation  est un cadre où se meuvent plusieurs forces capables de préparer le présent et d’assurer le futur. Mais elle a besoin d’une hyper structure comme l’Union Européenne pour pérenniser tous ses gains productifs.

 Pour terminer il convient de rappeler qu’aussi longtemps perdureraient les défis économiques inhérents à la mondialisation, l’immigration déchaînerait toujours les passions  et les nationaux pris à la gorge par le problème de chômage ou de déclassement n’hésiteraient pas à se laisser influencer par tous discours populistes et nationalistes.
 

Si j’ai mon pain quotidien, pourquoi irais-je regarder le pain mangé par l’ « autre »?

 Si j’explique aux français que l’immigration fait partie de l’ordre naturel des choses et que la France en a besoin pour parer aux problèmes démographiques, ils m’écouteraient certainement.
 

Si je dis aux français que la Nation est ce qui nous rassemble et l’union Européenne ce qui nous rend plus fort, ils m’écouteraient.

 Détrompez-vous, les français ne sont pas bêtes comme peuvent le croire certaines personnes ! Ils ont  juste besoin d’être compris et d’être éclairés.
 

 

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commentaires

G
intéressant..une vision déjà explorée de l'immigration..du conseil aux français! mais étant incapable de faire mieux, ou de faire de même je dis : "bravo!" (mon code de sécurité est 8 FN...)
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G
Comme on dit dans la blogosphère, je plussoie entièrement au contenu de ton post!
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  • : Le blog de Hervé-Mélaine AGBESSI
  • : "L'esprit né de la vérité a plus de puissance que la force des circonstances" Albert SCHWEITZER.
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  • Hervé-Mélaine AGBESSI
  • Docteur en droit public économique, diplômé de l'université de Paris 1 (Panthéon-Sorbonne). Expert en fiscalité internationale.
  • Docteur en droit public économique, diplômé de l'université de Paris 1 (Panthéon-Sorbonne). Expert en fiscalité internationale.

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