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15 juillet 2009 3 15 /07 /juillet /2009 01:12

Le chef de l'Etat, le gouvernement mais aussi Alain Juppé et Michel Rocard vont devoir faire un gros travail de communication s'ils veulent convaincre l'opinion du bien-fondé du grand emprunt, annoncé par Nicolas Sarkozy lors de son discours de Versailles. On savait déjà les Français réticents à y souscrire ; on sait désormais qu'ils sont une majorité à se défier de cette initiative.

Une telle défiance peut avoir trois raisons différentes : Le souci de l'accroissement de la dette, l'attente déçue d'une relance par la consommation puisque les Français constatent que l'argent sera quand même dépensé mais pour investir. Ou plus simplement une défiance à l'égard de toute initiative économico-sociale de Nicolas Sarkozy. 

Ceci étant, La Cour des comptes a déjà confirmé l'opinion moyenne des prévisionnistes : le déficit des comptes publics voisinera 7 % du PIB à la fin de 2009. Ce chiffre énorme fait frémir. On se dit qu'avec leurs produits pourris, qui ont provoqué la crise, les cupides financiers d'Amérique ont vraiment joué un mauvais tour aux gentils citoyens de notre pays et du monde. Ces derniers vivaient tranquillement d'amour, d'eau fraîche, de consommation raisonnable et d'épargne de bons pères de famille quand un lugubre western financier leur est tombé sur la tête. Bref, tout le contraire de ces Américains irresponsables, vivant à crédit sur le dos du monde, du monde chinois en particulier, et qui n'ont que ce qu'ils méritent.

Ce schéma est agréable pour l'ego national français, à ceci près qu'il est faux. Car la glissade comptable n'a pas consisté à passer de 0 à 3,5 % de déficit mais de 3,5 % à 7 %, ce qui change considérablement l'éclairage du problème. Les 3,5 points supplémentaires de déficit accumulés depuis un an peuvent, en effet, être regardés avec des lunettes keynésiennes comme une compensation pertinente du recul de la demande provoqué par la crise. La demande publique viendrait au secours d'une défaillance passagère de la demande privée en vue de rétablir à terme l'équilibre. Scénario un peu simpliste mais bien référencé et qui, à hauteur de 3 ou 4 points de PIB, ne soulève pas d'inquiétude majeure. Le problème, c'est que ce scénario keynésien s'appuie sur un socle de départ structurellement déficitaire et que le risque d'étouffer l'économie sous la charge de la dette devient considérable.

Autrement dit, le problème français, ce ne sont pas d'abord les 3,5 % d'aujourd'hui mais les 3,5 % d'hier. Car ceux d'hier, la France les traîne depuis près de dix ans et, même par beau temps, les gouvernements successifs ne sont pas parvenus à les résorber. C'est pourquoi le sujet essentiel de demain, ce n'est pas la comédie politique de l'emprunt, c'est la stratégie de réforme. Le Sisyphe du financement des retraites, la réduction annoncée du mille-feuilles administratif des collectivités territoriales, la  véritable réforme de la carte hospitalière (non celle mal ficelée de Bachelot !) sont les véritables rendez-vous de l'économie française. Les déficits structurels ne seront vaincus que sur ces terrains-là et l'autre moitié du chemin paraîtra alors comme une balade de santé. Dans le cas contraire, la pente à 7 % s'avérera sans doute durablement insurmontable.

Enfin il se pourrait que notre époque perde le sens du temps. Que sa mémoire s'émousse. Que sa probité s'évapore. Pour aboutir à ce paradoxe : elle multiplie d'autant plus inconsidérément les dettes qu'elle ne sait plus réellement de quoi il retourne. Certains paieront, d’autres n'y seront plus, d'ailleurs s'agira-t-il vraiment de payer ? A la confusion des sentiments et à la confusion des idées vient s'ajouter la confusion des générations : les enfants à naître prêtent à leurs ancêtres de quoi vivre ce soir, mais ce sont les descendants qui rembourseront. Ainsi, après avoir emprunté aux humains à venir la seule planète qui les attend, on leur fait les poches... avant même qu'ils en possèdent ! Certes, ils n'ont pas voix au chapitre, pas les moyens de se défendre, pas les moyens de dire non. Mais nous ?

 

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29 juin 2009 1 29 /06 /juin /2009 15:24

Nicolas Sarkozy, Jacques Chirac et nombre d'autres responsables politiques s’étaient retrouvés  à Libreville pour les obsèques d'Omar Bongo qui, pendant quarante-deux ans à la tête du Gabon, a été le pilier de l’énigmatique relation entre la France et ses anciennes colonies africaines. L'enterrement du dirigeant qui fut installé en 1967 au pouvoir par Jacques Foccart, le premier « monsieur Afrique » du général de Gaulle, et qui, depuis 1967, avait tissé des liens étroits avec tous les présidents de la Ve République sans exception, porte-t-il définitivement l’estocade à la Françafrique ? En optant pour une présidence de « rupture », le président Sarkozy s'était très nettement engagé pour mettre un terme aux pratiques de ses prédécesseurs, donc à la Françafrique, ce néologisme inventé par le président ivoirien Houphouët-Boigny en 1973, mais qui a surtout symbolisé une forme obscure et détestable de néocolonialisme.

Timidement, Nicolas Sarkozy a amorcé un tournant. La rupture a évidemment des limites. Le premier changement annoncé est d'ordre militaire. La France s'est engagée à ne plus jouer les « gendarmes de l'Afrique » en venant au secours des dirigeants de l'Afrique francophone, en échange parfois d'un financement, discret, des hommes politiques français. Le Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale de 2008 prévoit ainsi la renégociation des accords de défense qui avaient été conclus « à un moment historique, la fin de la décolonisation » avec huit pays africains. Ces accords, dont de nombreuses clauses sont restées secrètes, permettaient de faire appel aux forces françaises pour la défense intérieure et extérieure d'un des pays signataires.

Parallèlement, la France a réduit sa présence militaire permanente de 30.000 soldats au début des années 1960 à moins de 10.000 déployés sur sept « pôles » actuellement (Djibouti, Sénégal, Gabon, Tchad, Côté d'Ivoire, République centrafricaine et frontière tchadienne du Darfour). Le Livre blanc prévoyait de la reconfigurer autour de deux grands pôles, un par façade, atlantique et orientale, du continent et de préserver des forces dans la zone du Sahel. Mais les arbitrages ne sont pas faciles. Si la base d'Abidjan devrait être fermée, celle de Libreville et de Dakar seraient maintenues.

Mais c'est économiquement que le changement est le plus net. Volontairement ou involontairement, le désinvestissement des entreprises a déjà commencé et la présence hexagonale, comme le soulignait « Le Monde diplomatique », se résume désormais à « une vingtaine de groupes moyens et grands ». Largement, note un rapport d'information sur « la politique de la France en Afrique » de l'Assemblée nationale , achevé à l'automne dernier, parce que l'Afrique est aujourd'hui « perçue comme un marché marginal » par rapport à l'Asie. Egalement parce que les responsables français ont tardé à prendre la mesure de la profonde mutation de l'Afrique. « L'Afrique, ces derniers temps, a plus bougé que le regard français sur l'Afrique », note ainsi le député Jacques Remiller.

L'autre raison est aussi que la politique française est difficilement lisible. Les commentateurs en Afrique n'ont cessé d'opposer le discours de Dakar du président Sarkozy de juillet 2007 sur « l'homme africain » hors de l'histoire à son engagement de février 2008 au Cap d'une « refondation » des relations. Cette réduction de la présence et ses hésitations françaises ne sont pas sans conséquences. Des acteurs comme la Chine, les Etats-Unis, l'Inde même le Brésil se renforcent en Afrique subsaharienne, profitant de ce vide relatif. « La Chine enterre la Françafrique », soulignaient deux journalistes, Serge Michel et Michel Beuret, dans un récent ouvrage. Le retrait n'est pas qu'économique mais politique. Omar Bongo, soulignaient-ils, aimait la France, mais il a accompli aussi dix voyages officiels en Chine.

« La Françafrique est morte ! Vive la Chinafrique ? » On n'en est pas là. Paradoxalement le vœu de Jean-Marie Bockel en janvier 2008 de signer son « acte de décès » n'a toujours pas été exaucé. Un vœu qui, sous la pression d'Omar Bongo, lui avait coûté son portefeuille de secrétaire d'Etat à la Coopération. Car la rupture souhaitée par le candidat Sarkozy passe toujours par l'introduction d'une plus grande transparence dans les relations, politiques, militaires et économiques, entre la France et les pays africains. La commission parlementaire Remiller réclamait, prudemment, un « renforcement du rôle du Parlement en matière de contrôle » de la politique africaine de la France et l'établissement d'un véritable partenariat. Ce qui supposerait un abandon, véritable, du « domaine réservé » en la matière de l'Elysée.

Mais il y a un autre signal à donner pour enterrer la Françafrique, d'ordre judiciaire. La justice française donnera-t-elle suite à la plainte de l'ONG Transparency International et l'association Sherpa sur les patrimoines en France de Denis Sassou-Nguesso du Congo Brazzaville, Teodoro Obiang Nguema de Guinée équatoriale et d'Omar Bongo ? La rupture n'est pas encore gagnée. En attendant, le rôle de la France en Afrique francophone, lui, tend bien à s'amenuiser.

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18 juin 2009 4 18 /06 /juin /2009 15:02

Les partis de droite en Europe, en se présentant avec succès en protecteurs des citoyens face à la crise économique, confortent leur emprise politique sur le continent et plongent les sociaux-démocrates dans une grave crise identitaire.

 

Les élections au Parlement européen ont confirmé une tendance de plus en plus nette depuis la fin des années 1990: l'Europe vote conservateur.

 

Les partis de centre-droit, regroupés au sein du Parti populaire européen (PPE), restent la principale force politique de l'hémicycle, avec 263 des 736 sièges, soit 35,7% des élus, presque autant en proportion que dans  le Parlement sortant.

 

Si l'on y ajoute une cinquantaine d'eurodéputés de droite britanniques, polonais et tchèques, qui entendent former un groupe distinct et plus eurosceptique, cette suprématie est encore plus nette. Et avec les souverainistes et nationalistes, le Parlement de Strasbourg penche très nettement du côté conservateur.

 

Quelques arguments ont été avancés pour tenter d'analyser un phénomène qui, s'il s'est accéléré le 7 juin, a démarré dès 1989, apogée de la représentation de la gauche européenne au Parlement de Strasbourg : le taux d'abstention, record, a tenu éloigné des bureaux de vote les jeunes et les catégories populaires, traditionnellement les plus favorables à la gauche ; le Vieux Continent, qui porte bien son nom, voit sa population vieillir, et comme le rappelle le politologue Roland Cayrol, « plus on avance en âge et plus on vote à droite » ; enfin, dans la plupart des pays européens, la droite s'est présentée le plus souvent unie quand la gauche est presque toujours dispersée comme en France et/ou divisée, même sous un sigle commun comme en Italie.

 

Certes ! Mais tout cela ne suffit pas à expliquer l'inexplicable. Pourquoi les électeurs européens, presque tous touchés par la crise financière historique qui secoue la planète depuis des mois, n'ont-ils pas saisi l'occasion de ce scrutin pour sanctionner les Partis conservateurs et libéraux, principaux artisans de la dérive financière des années 1980 ? Pourquoi n'ont-ils pas reporté leurs voix sur les partis de centre gauche, pourfendeurs traditionnels du capitalisme et de ses dérives et porteur d'un projet social, protecteur et réformiste ? Car c'est tout le contraire qui s'est produit. Non seulement les partis sociaux-démocrates au pouvoir ont été sanctionnés (au Royaume-Uni, mais aussi en Espagne, en Autriche, en Hongrie, au Portugal) ; mais même les partis de centre gauche installés dans l'opposition, qui auraient pu offrir une alternative politique ont été laminés, en particulier en France et en Italie.

 

La principale réponse à ce rendez-vous manqué avec la social-démocratie européenne réside dans la stratégie des partis de droite depuis le début de la crise. Les gouvernements conservateurs ont régulé, sont intervenus massivement dans l'économie, ont fait un large usage de la dépense publique, ont activé les politiques de protection sociale. Le gouvernement d'Angela Merkel n'a pas hésité à nationaliser partiellement la deuxième banque du pays (Commerzbank) et complètement une autre (HRE). Elle a augmenté les retraites et les allocations familiales. Nicolas Sarkozy a soutenu à coups de milliards d'euros l'industrie automobile et  incité les constructeurs à fabriquer en France et si possible à rapatrier la production de Slovaquie. Il a fustigé avec autant de fougue qu'un Mitterrand en son temps « le capitalisme des spéculateurs » et les « prédateurs (...) qui se payent sur la bête » !

Bref, la droite a endossé les habits de l'Etat providence et fait main basse sur les bonnes vieilles recettes de la social-démocratie.

 

Soulignons au passage que, ce sont  ceux qui ont passé le plus clair de leur temps à  dénigrer les anciennes recettes de l’action publique de gauche (relance par le déficit, baisse du coût de l’argent, création monétaire et subvention publique à l’économie) qui l’ont mise en œuvre : les droites européennes instruites par le précédent de 1929 et qui ont jeté par-dessus bord leurs convictions les plus solides. Quand il s’agit de sauver le capitalisme, la droite renie tous ses dogmes.

 

Certes, la crise n’a pas profité à la gauche. En même temps, il serait mal venu de prendre la social-démocratie comme seul bouc-émissaire.

 

Cependant la social-démocratie est actuellement en panne parce qu’elle n’a plus d’utopie nouvelle à faire partager. Son programme historique a été réalisé pour l’essentiel. N’en déplaise à la droite qui se pare des plumes du paon, c’est grâce à la social-démocratie  qu’existent « les stabilisateurs automatiques » mot jargonnant qui désigne en réalité les grandes conquêtes sociales de la gauche : salaire minimum, assurance chômage, retraite, RMI, ou assurance-maladie.

 

La social-démocratie doit sortir de sa torpeur afin de se réinventer. Il incombe aux socio-démocrates de faire preuve de sursaut en définissant une stratégie nouvelle assise sur des idées novatrices et porteuses d’un réel changement. Il urge qu’ils reprennent les questions sociales à la base sinon à là racine. S’attaquer aux inégalités de naissance, créer un nouvel élan de solidarité, redéfinir le rapport capital-travail, revoir les compromis sur les grands sujets de société (immigration, incivilités, problèmes des banlieues), se réapproprier sans dogmatisme aucun les questions liées à la retraite et à la santé, porter un regard social-écologique sur le monde : Tels sont quelques sujets sur lesquels doivent commencer à plancher les socialistes de tout bord, sans complexes et sans idéologies.

 

Enfin, c'est du côté des solutions que la social-démocratie doit progresser. En inventant, par exemple, de nouveaux types de partage de la richesse, mieux adaptés à la société à la fois ouverte et individualiste du XXIe siècle.

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8 juin 2009 1 08 /06 /juin /2009 22:50

La forte abstention aux élections européennes dimanche, qui a atteint 59,54 %, un record pour ce scrutin, a confirmé une tendance historique lourde selon laquelle cette élection est la plus boudée par les Français avec les référendums.

 

Le désintérêt persistant des Français pour ces élections n'est pas vraiment étonnant. Les enjeux politiques n'ont pas été suffisamment mis en avant, beaucoup d'électeurs ne percevant pas le lien entre leur vote et la politique européenne.

Paradoxalement, des questions soulevées pendant la campagne, comme l'entrée de la Turquie dans l'Union européenne, ne sont pas véritablement du ressort du Parlement. Aucun parti ne lui reprochant cette esbroufe, l’UMP en a habilement fait son miel.

 

Un commencement tardif de la campagne, une absence totale de structuration des débats politiques et l’apparente déconnection entre crise sociale et élections européennes  ont alors motivé le recours à l’abstention.

 

Toutefois, les sujets européens ne repoussent pas forcément l'électeur. Preuve en est le référendum sur la Constitution européenne en 2005 où l'abstention avait été de 30,63%. Il y avait eu alors une véritable offre politique, avec un débat organisé par les « nonistes », obligeant les tenants du oui à leur répondre.

 

Cependant, si les partis n'ont pas montré de clivage net sur l'Europe, il semble aisé d’affirmer  que  ces résultats  montrent que le parti socialiste n’est plus captif voire captivant du tout. Le réflexe partisan socialiste disparaît peu à peu pour se dissoudre soit dans l’abstention soit dans l’extrémisme, ou soit, heureusement cette fois-ci, dans un vote écologiste de confort ou de déculpabilisation.

 

Au regard des résultats d’hier, le PS pèse moins de 17%, 16,8% pour être exact. Ce score est tout simplement catastrophique, c’est un séisme de magnitude 20.

 

Ce qui est affligeant, c’est qu’après chaque échec (un mot qui semble revenir malheureusement dans le quotidien des socialistes), les termes ou expressions « rénovation », « refondation », « à gauche toute », « rassemblement », sont jetés mécaniquement  à la figure des militants pour les rassurer. A force, cela devient rageant.

 

Quelle rénovation peut mener un parti englué dans des conflits d’égo où chacun cherche à garder sa place  ou à prendre celle de l’autre?

 

Depuis le congrès de Reims,  d’une part, les socialistes ont passé plus de temps à se parler à eux-mêmes (rappelez-vous des bisbilles puériles entre ségolénistes et Solferino) que de préparer sereinement et efficacement ces élections. D’autre part, on voit bien que le  rapprochement évoqué (du bout des lèvres) par Hollande mais explicitement par Rebsamen, un pro-Royal, avec le Modem  a brouillé davantage la position du parti socialiste et  lui a probablement coûté bien des voix. En tous cas, le score du Modem reste la démonstration que certains dirigeants socialistes, malgré leur expérience, ont péché par précipitation tactique et par irresponsabilité.

 

Le rôle  d'opposition du parti socialiste est  même devenu, un moment, synonyme de silence. Sa frilosité à prendre la parole, ses querelles de clochés, les divisions en son sein même, les coalitions de certains de ses membres avec l'UMP, l'ont terriblement affaibli ces dernières années.

 

Ceci étant, le PS ne peut pas, ne doit pas, être "un peu au centre". Incontestablement de gauche, il doit être une organisation centrale de notre environnement politique.

 

Le leadership de Martine Aubry  n'est peut-être pas encore très perceptible dans l’opinion, mais il ne suffit pas de crier « à gauche toute » pour sortir le PS de la spirale de l’échec. A contrario, il serait également mal venu de penser que Ségolène Royal aurait fait mieux, comme certains l’ont imaginé un peu vite. L’anti-sarkozysme, un slogan certes éphémère de campagne, ne peut pas servir de projet politique. D’ailleurs François Bayrou en pleure aujourd’hui.

 

A travers les résultats d’hier, les français ont adressé un véritable avertissement au parti socialiste. En clair,  nul avenir pour le PS s'il n'y a pas une véritable et sincère rénovation (finissons-en avec les discours creux et allons aux actes !), s'il n'y a pas une unité des forces et des talents , s'il n'y a pas la capacité d’élaborer dans un avenir proche, un projet de société réaliste et articulé autour de solides valeurs de gauche y compris écologiques ! Le PS n’est-il pas un parti résolument écologique depuis notre déclaration de principes ?

 

Enfin, pour les élections régionales de 2010, il serait illusoire, si le PS ne redevient pas attractif, de compter sur une certaine compréhension des verts pour jouer le rôle du parti « frère ». Leur volonté d’autonomie voire leur envie inébranlable de s’arracher à la tutelle du PS est certainement due à leur large succès d’aujourd’hui. Mais laisser prospérer un parti frère à son propre détriment signifie qu’on est entrain de faire le lit de sa propre déchéance. Bienheureux, celui qui me certifiera, au regard des résultats des européennes en Ile-de-France, que Jean-Paul Huchon n’aurait pas maille à faire avec les Verts en 2010. Pis, il pourrait même se retrouver à voter pour son successeur.

 

Pour finir, notons que le succès revendiqué par l'UMP au soir des résultats est  un joli coup de communication qui fait accepter l'idée qu'arriver en tête avec un peu plus de 28% est un succès. Il serait vain, de leur  part,  de tirer de ce scrutin européen à un tour des plans sur la comète pour les scrutins à venir, surtout quand on voit le résultat de toute la gauche.

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5 mai 2009 2 05 /05 /mai /2009 12:11

La France éprouve toujours autant de difficultés à traiter sereinement les questions de sécurité. Il faut dire que les plus hauts responsables politiques ne font rien pour clarifier le débat. On se souvient de Lionel Jospin tournant autour du pot et perdant la présidentielle de 2002 pour avoir voulu dissoudre naïvement l'insécurité dans un improbable concept de « sentiment » d'insécurité. De son côté, le président Sarkozy s'est rendu récemment à Nice pour ranimer la flamme de la lutte contre l'insécurité. Il a annoncé, comme il sait le faire (s’agissant de l’insécurité), sur un ton martial que l'on ne pouvait tolérer la montée de la violence dans notre société. Qui serait contre  un tel propos ?

Tout le monde a bien compris, en réalité, qu'il lançait ainsi la campagne des élections européennes sur ce thème si cher aux électeurs de la majorité. Mais personne n'a relevé que, peu de temps auparavant, la ministre de l'Intérieur, Mme Alliot-Marie, avait présenté le bilan de la délinquance au cours de l'an dernier et s'était vivement félicitée de la décrue de celle-ci. S'agissant précisément des violences faites aux personnes, elle soulignait qu'elles étaient en net recul, sauf les violences exercées à l'intérieur du cercle familial. Ce dernier point est évidemment regrettable mais son traitement ne relève en rien des coups de menton sécuritaires.

Ainsi, pendant que le président et la ministre tiennent des propos bien peu convergents, pour ne pas dire contradictoires, la réalité poursuit sa vie... dure ! La réalité est celle que l'on ne voit guère dans les statistiques mais que rapportent les maires de tous bords politiques : une situation paisible sur une majeure partie du territoire mais très difficile dans certains quartiers urbains défavorisés, rongés par le chômage des jeunes, la drogue, et les violences non déclarées qui s'ensuivent. La réalité est aussi celle que vient une nouvelle fois de décrire la Commission nationale de déontologie de la sécurité à propos de certains comportements des forces de police : un comportement assez bien encadré face aux grandes manifestations et aux affrontements violents qui les accompagnent parfois, mais des bavures à répétition lors de contrôles individuels, tel le cas de ce couple de soixante-dix ans, contraint de se dévêtir entièrement dans un commissariat de police avant d'être interrogé sur l'usage d'un chéquier. Ne pourrait-on donc parler sérieusement des problèmes de sécurité dans ce pays sans en faire un cirque électoral ? Pieuse pensée.

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21 avril 2009 2 21 /04 /avril /2009 14:55

Après son inattendu « pardon » aux africains pour le tristement célèbre discours de Nicolas Sarkozy, le second « pardon » de Ségolène Royal  aux espagnols  pour les propos supposés désobligeants du chef de  l’Etat sur José Luis Zapatero a suscité des polémiques aussi intéressantes que loufoques dans l’agora politique.

Si le huis clos élyséen ne nous renseigne pas explicitement sur la véracité des propos tenus par Nicolas Sarkozy à l’égard du Premier ministre espagnol, (quand bien même le chef de l’Etat est capable d’abus de langage ou de comportement), il n’en est pas de même concernant son discours maladroit, malhabile à relent racialiste de Dakar, concocté par son mal inspiré conseiller Henri Guaino.

Cependant, Ségolène Royal, dans sa volonté (ambition louable) de s’opposer à tout prix au chef de l’Etat, a également commis un impair ou une erreur d’appréciation dans sa façon compassionnelle de demander pénitence aux africains à Dakar. 

Dans le discours de Dakar de Ségolène Royal, le meilleur était associé au pire. Le meilleur, c'est l'affirmation que l'Afrique est au « cœur » des « préoccupations » de la présidente de la région Poitou-Charentes, ex- candidate à l'élection présidentielle.

Pendant longtemps, la classe politique française a considéré l'Afrique comme un boulet colonial, sans intérêts, où cohabitent magouilles et corruptions encouragées par certains donneurs d’ordre occidentaux.

Les africains doivent donc se  réjouir de voir, depuis quelque temps, le destin de leur continent ressurgir dans le discours politique français, même si les ambitions chinoises, indiennes, américaines ou autres, en remettant en cause les positions françaises au sud du Sahara, ne sont pas négligeables face à ce soudain regain d'intérêt.

A priori, une telle affirmation, dans la bouche de Ségolène  Royal, peut forcer le sourire.

En effet, même si Ségolène Royal cherche, en égrenant fiévreusement les maigres occurrences de l'Afrique dans ses discours , à démontrer l'intérêt majeur qu'elle porte soi-disant au « Continent-Mère », nul besoin de remonter aux temps immémoriaux pour relativiser l'affirmation : dans la motion E de Ségolène Royal présentée  dans le cadre du congrès de Reims en novembre 2008, les mots « Afrique » et « Africain(s) » n'apparaissaient pas une seule fois.

Si l'Afrique et les Africains sont « au cœur » des « préoccupations » de Ségolène Royal, force est de constater que c'est parfois sous une forme peu anodine particulièrement politicienne.

Pour ce qui est des actions concrètes, Ségolène Royal, en fin tactique, sait mettre les petits plats dans les grands. Une camionnette frigorifique offerte aux femmes de Thiaroye, assortie de quelques mesurettes d'un effet identique, et voici le monde qui change « globalement ».

Si c’est cela l’esquisse du codéveloppement vanté ci et là, de colloques en colloques, alors l’Afrique est mal barrée tant ses « bienveillants » donateurs n’ont rien compris aux mesures à mettre en place pour l’aider à son sortir de son destin tragique…

D’aucuns diront que c’est le geste qui compte ! J’objecterai en affirmant que seul un plan global (immigration, rapports économiques et commerciaux, etc.…) vaudra la peine d’être évoqué s’agissant de l’Afrique et non des gestes disparates, intermittents, teintés de misérabilisme.

Le Pire ?

C’est le fait que Ségolène Royal fustige impitoyablement le néocolonialisme, tout en faisant mine d'oublier que celui-ci atteignit des sommets phénoménaux et particulièrement désastreux sous le double règne de François Mitterrand -dont elle fut ministre. Cela, bien sûr, Ségolène Royal semble n'en garder aucun souvenir.

On  peut, en tous cas,, se réjouir qu’elle se rende compte des erreurs du passé qui ont contribué à la main basse sur l’Afrique par les précepteurs de la françafrique.

 Ségolène Royal, comme Nicolas Sarkozy, prétend tenir aux Africains un discours de vérité. La vérité, c’est que l’Afrique n’a nullement besoin de compassions ou d’excuses. Elle a besoin d’être prise en considération dans les négociations à l’OMC, que les subventions agricoles occidentales ne tuent pas ses paysans, que son économie ne soit pas dominée ou extravertie, que les flux migratoires soient concertés avant de devenir dissuasifs, que les régimes occidentaux n’encouragent pas certaines baronnies locales dictatoriales, enfin…. de dignité.   

Le regard français sur l’Afrique doit changer. Gageons que d'ici là, Ségolène Royal comme Nicolas Sarkozy et bien d'autres chefs politiques français, se seront donné les moyens d'accomplir cette nécessité de changement du rapport à l’Afrique, afin de se mettre au diapason de l'exigence de vérité dont ils ont plein la bouche.

De la sorte, ils cesseront de jeter à la figure des Africains certaines menteries honteuses. Et par la même occasion, ils cesseront de susciter des polémiques dans cette France qu'ils prétendent défendre, et que nos frères d'Afrique, qui ne sont pas dupes, continuent  toujours d'aimer.

Enfin, mes excuses, Ségolène, …d’avoir profité de ton iconoclastie, ta détermination farouche, ta force d'opposition que j’apprécie pour évoquer le cas de l’Afrique, notre « continent-mère ».

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7 avril 2009 2 07 /04 /avril /2009 15:23

Les socialistes sont entrain de plancher sur la mise en place d’une nouvelle méthode doctrinale permettant de désigner leur candidat à la présidentielle de 2012.

L'organisation de primaires ouvertes aux sympathisants, que réclament les partisans de Ségolène Royal depuis le congrès de Reims, fait son chemin au sein de la nouvelle direction du parti. Revenant d'un séjour aux Etats-Unis où il a étudié la campagne de Barack Obama, Arnaud Montebourg, secrétaire national chargé de la rénovation, et Olivier Ferrand, président de Terra Nova, un « think tank » proche du PS, ont rédigé un « rapport de mission » très favorable.

Ce rapport dont la synthèse est consultable sur www.brehier.com, préconise de confier aux sympathisants socialistes et non plus aux seuls adhérents le soin de choisir leur candidat, comme cela s'est fait aux Etats-Unis et en Italie. Le succès de Barack Obama, largement conditionné par la dynamique des primaires démocrates, sert de modèle. Un tel mode de désignation permettrait de « reconstruire une relation avec le peuple de gauche en mobilisant 4 millions de personnes, assure Arnaud Montebourg. Je ne dirais pas que l'ensemble du parti est convaincu à ce stade. Mais chacun a conscience du retard stratégique de la gauche par rapport à l'UMP qui a fusionné toutes les droites, alors que nous sommes encore divisés en interne et totalement émiettés au niveau de l'ensemble de la gauche ».

Ce plaidoyer semble, en tous cas, trouver des échos. Si les « ségolénistes » de même que les « Strauss-kahniens » sont convaincus depuis longtemps, Martine Aubry, qui n'y était pas a priori favorable, a demandé la création d'un groupe de travail. Les mauvaises langues  estiment que les sondages, qui pour le moment sont plus favorables à la première secrétaire qu'à sa « camarade » du Poitou-Charentes, ne sont pas pour rien dans l'évolution de sa position.

Longtemps opposés à ce mode de désignation qui risque de déposséder les militants, Benoît Hamon, Laurent Fabius et Bertrand Delanoë semblent désormais plus ouverts. Mais ce ne serait pas le cas de François Hollande et des « jospinistes ».

Pour Arnaud Montebourg, des primaires ouvertes permettraient de reconstruire l'unité du PS d'abord, puis de toute la gauche ensuite. Elles pourraient fonctionner comme un fusil à deux coups : le premier pour mettre tous les socialistes d'accord et le second, pour proposer aux partis « frères » (PCF, Verts, Parti de gauche, Parti radical de gauche) de participer à des primaires de toute la gauche. Bien entendu le candidat socialiste s'imposerait.

Mais, quelle sera la motivation des partis « frères », atteindre 5 ou 10 % dans une primaire de la gauche ou faire 2 % ou 6 % au premier tour de l'élection présidentielle ? D'autant que cela risque de barrer la route à un candidat de gauche au second tour.

Enfin, sur ce point, il sera sans doute plus difficile de convaincre ces partis « frères » que de mettre d'accord toutes les sensibilités du PS. « Si nous retrouvons une force attractive, nous parviendrons à les convaincre », assure Arnaud Montebourg. En tous cas, les sympathisants de gauche, eux, le sont déjà : 68 % d'entre eux souhaitent des « primaires ouvertes », selon un sondage Ifop publié le 15 mars par « Le Journal du dimanche ». Alors, Arnaud, c’est en interne maintenant qu’il te faudra convaincre et là, rien n’est moins sûr….

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10 février 2009 2 10 /02 /février /2009 00:34

« Cela fait trop longtemps que nous souffrons. Nous voulons vivre debout. » : Tels sont les mots amers qui reviennent fréquemment à la bouche des antillais.

Parti de la contestation des prix de l’essence, d’abord en Guyane, puis à la Guadeloupe, le mouvement social contre la vie chère qui secoue les Antilles a pris une ampleur historique, à la mesure de l’asphyxie imposée aux habitants des îles.

Au-delà des revendications de contrôle des prix et de hausses des salaires exprimées à la Guadeloupe par le collectif Lyannaj Kont Pwofitasyon(LKP, Rassemblement contre l’exploitation outrancière) et à la Martinique par le Collectif du 5 février, c’est toute l’architecture de l’économie des containers et du mal-développement faisant de ces îles des « colonies de consommation », selon l’expression des grévistes, qui est mise à l’index.

De manifestations en actions de blocage des magasins Carrefour appartenant au groupe Bernard-Hayot, qui dispose d’un quasi-monopole dans l’import, la distribution et l’agroalimentaire, les grévistes guadeloupéens fustigent les « profiteurs » qui font flamber les prix.

Alors que le gouvernement s’est enfin décidé, au bout de trois semaines de grève générale, à ouvrir des négociations, les syndicats, organisations politiques, associations et mouvement culturels rassemblés dans le LKP ont affiché, ce week-end, une unité sans faille, bien décidés à maintenir la pression sur les patrons comme sur le Secrétaire d’Etat à l’Outre-mer, Yves Jégo. Avec un puissant soutien de la population, qui juge légitime la plate-forme des 149 revendications du LKP, au premier rang desquelles une augmentation de 200 euros des bas salaires, des retraites et des minima sociaux.

Face à l’intransigeance du patronat, qui  mise sur le pourrissement de la situation, 50 000 manifestants, rejoints par des carnavaliers, s’étaient rassemblés, samedi matin, à Basse-Terre, où avaient lieu les négociations. Celles-ci  se sont poursuivies hier matin pour tenter de dégager un accord interprofessionnel sur les salaires.

Les politiques de défiscalisation et d’exonérations en tout genre ont échoué dans les Départements d’Outre-mer (DOM). Il serait donc inopportun que la satisfaction des revendications salariales des grévistes se fasse en contrepartie de nouveaux cadeaux au patronat.
 

Toutes les mesures annoncées par l’État, notamment la suppression de la taxe professionnelle ou le RSA, vont profiter  aux employeurs qui disposeront ainsi d’une main-d’œuvre payée par l’État, tout en bénéficiant de différentes exonérations.
 

Les entreprises guadeloupéennes vivent avec des fonds publics. Des cadeaux fiscaux  consentis au nom de l’encouragement à l’investissement, n’ont jamais eu la moindre incidence positive sur l’emploi. L’archipel compte, officiellement, 24 % de chômeurs. Un chiffre  largement sous-estimé, car le taux  de chômage réel  doit avoisiner les 40 %.
 

Premières victimes de ce fléau et de la précarité, les jeunes, à l’image de ce qui se passe ici en métropole, expriment rageusement, dans ce mouvement, leur refus d’être condamnés au désespoir et privés de futur.  Pour un jeune français des DOM, chercher un travail fixe et correctement payé, c’est comme tenter de décrocher la lune.
 

Aux marges du marché du travail, toute une génération s’élève contre les discriminations qui la frappent à l’embauche. Ceux qui ont un travail dénoncent, eux, le « plafond de verre » qui leur interdit l’accès aux postes à responsabilité, majoritairement occupés par des métropolitains blancs. Du coup, les Guadeloupéens, comme leurs voisins martiniquais, ont le douloureux sentiment d’être exclus dans leur propre pays. Sentiment exacerbé par la mainmise de la petite minorité de békés, descendants de colons, sur l’économie des îles.
 

Diffusé vendredi soir par Canal Plus aux Antilles, le documentaire de Romain Bolzinger, « les Derniers Maîtres de la Martinique », accablante radiographie de cette petite oligarchie, a soulevé une très vive émotion. À l’écran, l’industriel béké Alain Huyghues-Despointes justifie sans vergogne la volonté de sa petite communauté de « préserver la race » blanche du métissage. Avant de regretter que « les historiens ne parlent que des aspects négatifs de l’esclavage ». Comment ne pas comprendre, dès lors, les références omniprésentes, dans ce soulèvement social, à l’histoire esclavagiste qui a marqué ces îles au fer rouge ?
 

Aujourd’hui, tout ce qui se passe a l’air d’un combat pour la dignité et l’égalité que la Guadeloupe, traumatisée par la répression qui coûta la vie à plus d’une centaine de grévistes en mai 1967, mène, depuis le 20 janvier, de façon pacifique, mais  déterminée.

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3 février 2009 2 03 /02 /février /2009 21:55

Le chef de l'État interviendra jeudi soir à la télévision et à la radio. Mais arc-bouté à ses préjugés idéologiques, il ne semble pas enclin à changer de cap.

 

Certes, la situation économique mondiale atteint des niveaux d'alerte particulièrement préoccupants. On peut comprendre que la fragilité financière des pays comme la Grèce, l’Espagne, l’Italie et le Portugal incitent à la prudence ; car la France risquerait d'emprunter de l'argent aux bailleurs de fonds étrangers à des taux de plus en plus élevés si elle multiplie les appels de fonds. Mais cela ne saurait priver  le gouvernement de lucidité et de réactivité quant aux mesures à prendre pour relancer la consommation dans ce pays. Le risque de l’envolée du coût de l’endettement ne devrait pas être un obstacle quand il s’agit d’augmenter le pouvoir d’achat, de porter secours aux français en difficulté, surtout lorsqu’on se remémore les garanties financières accordées à des vils banquiers obnubilés par leurs dividendes et bonus. 

Dans son grand oral, jeudi soir, Nicolas Sarkozy devra relever le défi, non seulement d'expliquer la crise aux français, mais également de corriger son plan de relance et d’en prévoir un autre.

Nicolas Sarkozy est à un tournant de son quinquennat. Le slogan «travailler plus pour gagner plus» n'a plus vraiment de sens (il n’en avait d’ailleurs pas !) quand le chômage augmente et que le risque de la déflation peut entraîner une baisse supplémentaire d'activité. L'ensemble de la loi Tepa, votée au début du quinquennat, paraît déjà caduc. Quant au RSA, qui devait encourager les rmistes à sortir de la précarité par le travail, il risque d'être peu sollicité quand les offres d'embauche se raréfient.

Ne pas changer de cap sur les universités et sur la révision des politiques publiques, serait faire preuve de cécité politique. Le président doit savoir reconnaître l’impertinence de certaines des réformes et proposer d’autres voies et moyens lui permettant d’atteindre les objectifs de performance du service public. A quoi sert-il de supprimer un fonctionnaire sur deux partant à la retraite alors que le service public est dans un état de délabrement avancé ?

Le président doit tenir compte des manifestations du 29 janvier et infléchir sa politique de relance qui, laissée en l’état, ne serait pas en mesure de circonscrire les effets de la crise.

Si lors du « show » du jeudi soir, il n’y a rien de nouveau qui puisse faire espérer les chaumières ou si c’est pour se lancer dans un monologue théâtral sur la crise, Nicolas Sarkozy passerait à côté de la dure réalité des français. Jeudi soir, il ne s’agira pas, pour le président de la république, comme à son habitude, de se payer une opération de communication pour noyer le poisson ; mais de confesser les erreurs et les ratés de ses nombreuses politiques et de proposer un nouveau deal susceptible de donner des réponses concrètes sur trois dossiers essentiels : le pouvoir d'achat - une relance par la demande, notamment en améliorant les revenus des plus modestes et une augmentation du SMIC -, le maintien des emplois -  toute aide versée à une entreprise doit faire l'objet de contreparties - et les services publics -  un moratoire sur les 30 000 suppressions de postes programmées dans la fonction publique en 2009. Mieux vaut tard  que jamais… 

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11 janvier 2009 7 11 /01 /janvier /2009 19:48

La suppression du juge d'instruction annoncée par Nicolas Sarkozy continue de susciter  de vives critiques et de nombreuses interrogations chez les magistrats qui dénoncent le flou et l’inopportunité  du dispositif décrit par le chef de l'Etat.

Ce qui fait débat : le juge d'instruction, magistrat indépendant, va disparaître au profit d'un « juge de l'instruction », qui se bornera désormais à contrôler le bon déroulement de l'enquête.

Cette réforme a été annoncée par Nicolas Sarkozy alors même que les conclusions de la commission installée à la mi-octobre pour plancher sur une refonte du système pénal ne sont pas encore connues. La précipitation n’est guère synonyme d’action !

Si on suit l’esprit de la réforme annoncée, on s’aperçoit malheureusement qu’il s’agit d’une régression démocratique flagrante.  D’ailleurs, la Cour européenne des droits de l'homme considère, dans une de ses décisions, que « le procureur n'est pas une autorité judiciaire » car « il lui manque l'indépendance à l'égard du pouvoir exécutif ».

L’idée même de transférer des pouvoirs qui appartiennent à un juge indépendant à un autre magistrat, du parquet, qui ne l'est pas, représente une atteinte grave aux libertés publiques.

Actuellement le juge d'instruction n'intervient que dans très peu d’affaires judiciaires. Mais cela représente tous les dossiers les plus compliqués et les plus graves en matière de crimes et d'affaires correctionnelles. C'est parce qu'il est indépendant et qu'il n'a de compte à rendre à personne qu'il est saisi de ces affaires. Il est une garantie et un atout  pour les citoyens. Si on transfère cette compétence au parquet, il y aura maldonne  car ce dernier est complètement dépendant du pouvoir politique, par sa nomination et par sa structure hiérarchique. Autrement dit, à l’avenir, les mêmes affaires devront être traitées par quelqu'un qui sera sous la mainmise directe des hommes politiques en place. C’est un recul démocratique inouï !

Avec un tel système, finies les enquêtes sur des affaires politico-financières, ou de santé publique, ou sur toute autre affaire où des politiques pourraient se voir mis en examen. On peut également se poser  la question de l'action publique : Si on supprime les juges d'instruction,  vers qui les parties civiles pourront-elles se tourner pour que l'enquête puisse être menée si le parquet refuse de se saisir.

On a fait grand cas de l'affaire d'Outreau pour justifier une telle réforme. Mais c'est l'arbre qui cache la forêt. Le post-Outreau est un argument irrecevable en la matière d’'autant, semble-t-il,  que depuis, des rectifications ont été faites. Ainsi, des pôles de l'instruction ont été créés depuis 9 mois et début 2010, on devrait assister à la collégialité de l'instruction. On n'a même pas encore tiré les conclusions de tous ces dispositifs  que Nicolas Sarkozy et Rachida Dati décident de tout casser.

L’idée de supprimer le juge d’instruction n’est pas nouvelle puisqu’en 1988 on en parlait déjà. Mireille Delmas-Marty, pénaliste et Professeur au collège de France qui avait mené d'importants travaux sur cette question, avait mis l'indépendance du parquet comme corollaire à la suppression du juge.

Il semble évident que la droite veut se  payer le juge d'instruction parce qu'il a dans les années 80-90  fait preuve  d’activisme et de détermination pour poursuivre et condamner les hommes politiques et un certain nombre de grands patrons, comme il le faisait avec n’importe quel quidam. Nicolas Sarkozy voulant lui porter définitivement l’estocade prend Outreau pour prétexte. Quelle hypocrisie !!

Visiblement, on cherche à rayer complètement  de la carte le troisième pouvoir, au profit de l'exécutif. C'est scandaleux !

Pour pallier la disparition du juge d'instruction, il est envisagé que les enquêtes judiciaires soient confiées au parquet, sous le contrôle d'un magistrat du siège, appelé « juge de l'instruction ». C'est un leurre ! Le contrôle du parquet ne pourra être que formel. L'intérêt du juge d'instruction, c'est qu'il assure le suivi d'un dossier dans la continuité. Le juge « de l'instruction » n'interviendra que de manière ponctuelle, pour autoriser une perquisition, une écoute téléphonique, ordonner ou pas une expertise. Submergé par un  nombre  impressionnant de dossiers, il se contentera juste d'apposer son paraphe sur ce qu'on lui demandera de signer. Ce n’est pas sérieux !

 Le parquet en France, sauf nouvelle réforme de la Constitution, n'est pas indépendant. Il est nommé par le pouvoir politique. Tout ce qui pourrait être proposé dans le contexte actuel, avec le pouvoir actuel, serait un marché de dupe.

Enfin, force est de constater que Nicolas Sarkozy commence l’année 2009 avec les mêmes erreurs : C’est une erreur de vouloir faire nommer le président de France Télévisions par l'Elysée, une erreur de vouloir supprimer le juge d'instruction sans la contrepartie d'une indépendance du parquet. Et ce serait une erreur de réduire le pouvoir d'amendement des textes de loi par les parlementaires.

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  • Hervé-Mélaine AGBESSI
  • Docteur en droit public économique, diplômé de l'université de Paris 1 (Panthéon-Sorbonne). Expert en fiscalité internationale.
  • Docteur en droit public économique, diplômé de l'université de Paris 1 (Panthéon-Sorbonne). Expert en fiscalité internationale.

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