Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
8 décembre 2009 2 08 /12 /décembre /2009 17:12

Après quelques hésitations dont le président américain semble décidément coutumier, tous les leaders des principales puissances de la planète vont se retrouver à Copenhague. Les climatologues ont réussi l'exploit de faire de la lutte contre le réchauffement climatique un des rares exemples, avec la paix, de cause politique universelle. L'idée selon laquelle les gouvernements devaient se préoccuper des effets de l'accumulation de CO2 sur la température du globe est apparue dans les rapports d'experts au milieu des années 1960. Il aura fallu un demi-siècle pour passer de l'appréhension du problème à la prise de conscience mondiale du problème. Combien de temps mettra-t-on pour se donner les moyens de s'y attaquer ? C'est là tout l'enjeu des conciliabules qui ont débuté hier dans la capitale danoise.

La réponse à cette question est loin d'être évidente. Le défi que doit relever la communauté internationale se situe sans conteste à la limite de ce que sait faire l'action politique. Les objectifs fixés par le protocole de Kyoto, signé en 1997, entré en application en 2005, et qui seront reformulés dans un nouvel accord en 2014, si le sommet de Copenhague tient ses promesses, sont restés à bien des égards lettre morte. Et pour cause. Ce que l'on pourra faire dès maintenant pour limiter les émissions de dioxyde de carbone n'aura pas de résultat tangible avant des décennies. Autrement dit, les décideurs d'aujourd'hui ne seront ni les perdants ni les bénéficiaires de demain. Pire encore, les pays développés, qui ont le plus d'efforts à consentir en ce domaine, sont aussi ceux qui souffriraient le moins des conséquences d'un réchauffement trop marqué de la planète. En outre, l'ampleur de la tâche apparaît hors du commun, alors qu'il subsiste une part d'incertitude sur la réalité de la menace.

Selon l'IPPCC, le panel intergouvernemental sur le changement climatique, dont le rapport de février 2007 constitue la « bible » de Copenhague, la probabilité que l'évolution du climat telle qu'on l'observe actuellement soit due à l'activité humaine est de 90 %. Reste qu'il s'agit d'une probabilité. En revanche, la feuille de route assignée aux nations par les scientifiques pour éviter le scénario noir laisse perplexe, autant par son ambition que par sa précision. C'est la magie du chiffre 2. Pour contenir au-dessous de 2 degrés le réchauffement planétaire d'ici à 2050, par rapport à la température constatée à l'aube de l'industrialisation, le monde devra avoir réduit ses émissions de gaz à effet de serre de 50 % - en prenant pour référence les niveaux atteints en 1990. Ce qui signifie ramener ces émissions à 2 tonnes par tête et par an, sur une terre qui comptera, à ce point d'arrivée, 9 milliards d'humains. Nos « productions » de CO2 sont actuellement de 24 tonnes par tête pour les Etats-Unis, de 10 pour l'Europe et de 6 en Chine. Dans le même temps, cela suppose d'organiser un important transfert de richesse vers les zones les moins développées pour les aider à continuer à croître avec des énergies d'origine non fossile. On l'estime au moins à 1 % du PIB mondial, mais sans doute ne se serait-on guère trompé si, pour la beauté de la démonstration, on s'était également fixé sur 2 %.

L'incertitude qui subsiste sur la pertinence de ce diagnostic ne peut servir d'alibi à l'inaction, au contraire. Face à un processus procédant par accumulation, l'immobilisme constitue le plus mauvais des choix. Mais, même si l'esprit de Copenhague souffle sur la petite centaine de chefs d'Etat attendus au sommet, il est illusoire d'espérer qu'un consensus puisse se dégager sur de tels sujets en une dizaine de jours. Vouloir le croire c'est presque faire injure au sérieux de pareil exercice. Ce que l'on attend  de ce rendez-vous, c'est l'affirmation d'une volonté commune et la fixation d'une méthode partagée. De ce point de vue, la crise économique représente moins un frein, comme beaucoup le disent, qu'une incitation à agir. Elle a montré que, si le monde avait plus que jamais besoin de croissance, il devait aussi en changer le modèle ; c’est-à-dire miser sur la social-écologie. La force du capitalisme a toujours été de savoir faire du problème la solution. Du grand bouillonnement de la globalisation a émergé la révolution de l'économie du savoir et des réseaux. Encore une fois, ce sont les politiques qui ont les moyens de répondre à l'immense chantier de la croissance « propre ». Leurs électeurs leur demandent juste de crédibiliser les engagements qu'ils pourront prendre en ce sens. L’heure de la social-écologie a véritablement sonné….

Partager cet article
Repost0

commentaires

Présentation

  • : Le blog de Hervé-Mélaine AGBESSI
  • : "L'esprit né de la vérité a plus de puissance que la force des circonstances" Albert SCHWEITZER.
  • Contact

Profil

  • Hervé-Mélaine AGBESSI
  • Docteur en droit public économique, diplômé de l'université de Paris 1 (Panthéon-Sorbonne). Expert en fiscalité internationale.
  • Docteur en droit public économique, diplômé de l'université de Paris 1 (Panthéon-Sorbonne). Expert en fiscalité internationale.

Recherche

Archives