Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
21 avril 2013 7 21 /04 /avril /2013 15:05

L’entre-soi malsain, l’inepte cooptation, la servitude volontaire des uns et l’incompétence mal dissimulée des autres semblent, malheureusement, avoir raison de la direction actuelle du parti socialiste. Tant au niveau national qu’aux niveaux fédéral et local ! La violente crise socio-économique en cours nous rappelle avec acuité la paresse intellectuelle de ce beau monde, plus enclin à s’entendre (la fameuse synthèse) pour se répartir les postes de secrétaires national et fédéral qu’à penser aux idées susceptibles de préparer le pays pour les court, moyen et long terme. La défaite de la pensée, en somme.


« Ne désespérez pas de la République ! », dixit Mendès France à ses bourreaux lors de son injuste procès pour une fausse accusation de désertion. Oui, chers militants socialistes, ne désespérez pas du parti socialiste car vous en êtes les légataires, sa force vive, sa vitalité et surtout ses insondables ambassadeurs. Il vous revient à ce titre, de vous replacer en son cœur et de reprendre le pouvoir qui vous revient de droit afin de faire revivre l’impérieux et qualitatif débat des idées. Nul apparatchik, nul potentat local n’a de prise sur votre capacité militante. Redevenez pleinement socialistes (je sais que vous l’êtes toujours malgré le désarroi ambiant) en demandant ce que vous avez à faire en tant que socialistes et non ce que le parti socialiste attend de vous. Reprenez le pouvoir militant et faites vous entendre !


Cependant, le vide intellectuel d’un « Solférino » inaudible et incapable de prêter efficacement main forte à l’exécutif, ne saurait occulter l’importance des travaux que mène le Président de la République. On peut lui reprocher comme moi, sa trop grande prudence de sioux en matière de réformes, le report à 2017 de l’application du non cumul des mandats, etc…Mais le bon sens commande  une grande lucidité et une indulgence à son égard.


La  boîte à outils qu’il a présentée et que certains présentent comme hétéroclite et inopérante, s’attaque globalement aux insuffisances de notre système. Elle devrait entamer la réforme structurelle d’un système devenu progressivement inadapté aux nouvelles contraintes d’un monde dont les fondamentaux ont changé en profondeur, et participer à sa rénovation. Dans le contexte économique très difficile, une situation sociale qui se crispe, un climat politique de doute et de radicalisation des extrêmes, dans l’agitation médiatique ambiante aux allures de jeu de massacre, Hollande apparaît déterminé et soucieux de la responsabilité qui est la sienne, malgré le décrochage sondagier  dont il est l’objet.


Outre le fait qu’il a pris la mesure des lourds enjeux induits par cette longue et grave crise économique, il donne le sentiment, au moins pour ceux qui, débarrassés des passions politiques partisanes sont de bonne foi, de lucidité et de gravité. Certains sont peut-être déçus parce qu’il  n’a pas promis d’aller « chercher la croissance avec les dents ». Mais force est de reconnaître, depuis 11 mois qu’il est à l’Elysée, les mesures qu’il prend ont exclusivement pour objectif d’accompagner notre économie au point de stimuler la croissance, sinon enclencher, une reprise.


Quels observateurs sérieux, journalistes ou chroniqueurs avertis pensaient que la situation économique et sociale allait s’inverser rapidement ? Chacun savait que la dégradation est importante, ancienne, structurelle. On nous l’explique depuis des années à longueur de journaux, magazines et émissions spécialisées. Et ce sont les mêmes qui se scandalisent et crient au manque de résultat, et même à l’échec, après quelques mois de changement ! Où sont le sérieux et la bonne foi de ces gens-là lorsqu’ils se répandent en critiques acerbes et sentences définitives à l’encontre d’un gouvernement qui a trouvé une situation en dégringolade vertigineuse.


Les prédécesseurs n’avaient-ils pas dit dès 2007, l’un que «les caisses étaient vides», l’autre que l'«Etat se trouvait en faillite». Ils parlaient d’or, si ce n’est qu’un quinquennat plus tard, la dette avait doublé et les déficits publics plus que doublé… Comment ne pas s’en souvenir et en tenir compte dans les analyses d’aujourd’hui. Comment, ceux-là même qui crient contre le matraquage fiscal peuvent-ils feindre de croire que les finances publiques s’étaient renflouées en quelques mois et que la persistance de la crise était le fait d’un gouvernement «  incompétent ». Comment peut-on ne pas expliquer que les licenciements massifs de l’hiver 2013 sont le fait de difficultés déjà anciennes des entreprises concernées et comment peut-on laisser entendre qu’elles sont dues à l’après mai 2012 ?


Certes, il y eut le contexte international. Mais ce contexte dégradé a-t-il disparu ? Permet-il en 2013 une reprise spectaculaire de la croissance qui viendrait irriguer les circuits économiques, relançant à la fois consommation, l’emploi et permettant le désendettement grâce aux excédents budgétaires ? La réponse est non, il s’en faut de beaucoup ! Alors, il faut réformer, en profondeur, avec constance et ténacité. Le Président de la République en a conscience et se met en capacité, avec son gouvernement, de le faire dans un environnement contraint où les décisions se prennent à plusieurs par des partenaires aux intérêts de court terme divergents. Il le fait sans déclaration tonitruante, sans spectacle quotidien, sans flatter les passions extrémistes ou xénophobes. Il est vrai que l’agitation, cette illusion de l’action à laquelle on nous avait formatés, ne vient plus quotidiennement encombrer nos esprits et nous laisse un peu désemparés en ces temps d’addiction médiatique. Curieusement, le calme et les nerfs froids du Président provoquent une sorte de malaise du manque qu’exploitent les médias !


Oui, il faut réformer en ayant à cœur de préserver le socle de notre pacte de solidarité nationale. Oui, il faudra des mois, et sans doute des années, pour qu’un processus de désendettement forcément douloureux pour les finances publiques, mais indispensable, puisse rétablir la confiance du marché et celle des investisseurs. Oui, il faudra réformer en profondeur les modalités d’attributions des prestations, et plus certainement encore les mécanismes de leur financement. Oui, il faudra réviser le droit du travail de manière à encourager la mobilité, faciliter les ajustements conjoncturels, inciter au retour à l’emploi. Oui, il faudra partager le travail sans alourdir son coût afin de participer triomphalement à la compétition internationale qui est un fait indéniable, que l’on s’en réjouisse ou qu’on le déplore. Oui, il faudra réarmer les dispositifs fiscaux stimulant la recherche et facilitant  l’innovation et l’initiative entrepreneuriale. Oui, il faudra débusquer double emploi et gaspillage dans les services publics à leurs différentes strates de nos administrations. Oui, il faudra réguler davantage la finance et renforcer les moyens de lutte contre l’évasion fiscale.


Face à toutes ces réformes, les prédécesseurs de Président de la République ont échoué. A moins, hypothèse que l’on ne peut exclure, qu’ils y aient simplement renoncé ?


Dans un climat politique qui se tend, où l’inquiétude sociale se propage, où l’hystérie médiatique distille l’inquiétude, il est nécessaire de ramener au calme et à la raison et surtout de montrer que la perspective du changement proposé par Hollande s’inscrit dans un cadre et un cap. Ce dernier sera, certes difficile à atteindre, mais Hollande s’y engage sur son quinquennat.
Partager cet article
Repost0

commentaires

Présentation

  • : Le blog de Hervé-Mélaine AGBESSI
  • : "L'esprit né de la vérité a plus de puissance que la force des circonstances" Albert SCHWEITZER.
  • Contact

Profil

  • Hervé-Mélaine AGBESSI
  • Docteur en droit public économique, diplômé de l'université de Paris 1 (Panthéon-Sorbonne). Expert en fiscalité internationale.
  • Docteur en droit public économique, diplômé de l'université de Paris 1 (Panthéon-Sorbonne). Expert en fiscalité internationale.

Recherche

Archives