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20 janvier 2013 7 20 /01 /janvier /2013 18:02

Un homme de droite, Manuel Valls ? L'étiquette lui colle à la peau, depuis très longtemps. Hélas ! « Socialiste de droite », « Sarkozy de gauche », tels sont les qualificatifs les plus répandus dans les médias. Habitué à commenter ces qualificatifs, Valls a toujours été déterminé  pour faire bouger les lignes au PS. Dans son ouvrage paru en 2008, « Pour en finir avec le vieux socialisme », il défendait l’idée d’éliminer le mot « socialisme » au nom du parti ! Ancien rocardien, social-démocrate assumé, longtemps maire d'Evry, il revendique son positionnement au PS, mais aussi son ancrage à gauche. Aujourd'hui au poste dont il a toujours rêvé, ministre de l'Intérieur, il est l'un des ministres les plus populaires du gouvernement, même parmi les militants du PS. Il n’empêche qu’à son poste fortement exposé, il essuie naturellement des critiques.


Durant l'été, les démantèlements de camps de Roms sur ordre de la place Beauvau ont suscité de vives critiques y compris dans la majorité. Les positions du ministre de l'Intérieur sur les sans-papiers, les récépissés à la suite des contrôle d'identité ou encore le droit de vote des étrangers aux élections locales (auquel Manuel Valls s'est finalement rallié) ont fini d'asseoir l'ex porte-parole de la campagne de François Hollande dans sa position de « premier flic de France ».


S'il est une ligne politique, en matière d'immigration, que Manuel Valls semble avoir choisi de faire valoir, c'est celle qu'il martèle depuis toujours : « fermeté et humanisme ».


Depuis son arrivée Place Beauvau, « l'humanisme » a ainsi été récompensé par l'abrogation de la circulaire du 31 mai 2011 restreignant les conditions de séjour des étudiants étrangers. Même chose, le 7 juillet, avec la suppression de la rétention systématique pour les familles.


Cet humanisme a aussi donné naissance à la circulaire du 28 novembre 2012 clarifiant les conditions dans lesquelles un étranger en situation irrégulière peut obtenir un titre de séjour. Cette circulaire dont les critères sont plus précis comporte un certain nombre d’avancées, même si elle ne résout pas tout (notamment le sujet épineux du travail dissimulé communément appelé travail au noir). Elle a le mérite de formaliser la régularisation par le travail, laquelle sous le gouvernement précédent relevait plutôt de petits arrangements variant d'un département à un autre.


Cet humanisme déborde aussi sur la mission confiée à Matthias Fekl, député du Lot-et-Garonne, sur l'accueil des immigrés en France. Le rapport découlant de cette mission servirait de base au projet de loi sur l'immigration, prévu au deuxième trimestre.


Humaniste, mais ferme. La fermeté n’est pas l’apanage de la droite,  toujours prompte à dénoncer le « laxisme » de la gauche. Sans hypocrisie aucune, le ministre de l'intérieur a vite assumé le mot « expulsion », plutôt tabou, ces dernières années, au Parti socialiste.


En fait d’expulsion, il s’agit d’une mesure d’éloignement pratiquée sous tous les gouvernements, Gauche et droite confondus. Valls ne sera pas le dernier à procéder à des expulsions  découlant d’une décision de justice. Quel ministre de l’intérieur peut s’enorgueillir de ne pas respecter une décision de justice ?


Tous les anciens ministres de l’intérieur  socialistes n'ont eu de cesse de chercher à réaffirmer, une fois les campagnes électorales terminées, une ligne relativement ferme sur l'immigration.


Si, dans la forme, Valls se rapproche de  Chevènement (1997-2000), ce qui le sépare de Pierre Joxe (1988-1991), de Philippe Marchand (1991-1992) ou encore de Paul Quilès (1992-1993) ne réside que dans les mots. On parlait alors plutôt de recherche de « consensus » ou de besoin d'« équilibre ». Une posture qui avait déjà amené Pierre Joxe, en mai 1989, à l'Assemblée nationale, à expliquer comment il souhaitait expulser les étrangers irréguliers « dans la dignité ».


Enfin, il est aisé de constater qu’être ministre de l’intérieur dans un gouvernement de gauche peut appeler toute sorte d’interprétations. Je ne doute pas qu’il soit naturel de dire que Valls est socialiste et de gauche. On peut ne pas être d’accord sur tout avec le personnage, mais force est de constater qu’il fait le job.

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  • Hervé-Mélaine AGBESSI
  • Docteur en droit public économique, diplômé de l'université de Paris 1 (Panthéon-Sorbonne). Expert en fiscalité internationale.
  • Docteur en droit public économique, diplômé de l'université de Paris 1 (Panthéon-Sorbonne). Expert en fiscalité internationale.

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