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6 janvier 2013 7 06 /01 /janvier /2013 17:22

 

Fini l’année 2012 avec son cortège de couacs de l’exécutif ! Exit les flous ayant jalonné la gestion de dossiers comme Florange ! Exit le procès en autorité du chef de gouvernement donné sur le départ fin 2012 par une partie de la presse ! Jean-Marc Ayrault, confirmé et conforté  par François Hollande dans sa mission d’animer l’équipe gouvernementale, adopte dorénavant une ligne clairement sociale-démocrate pour « la bataille de l'emploi ».


Quiconque ayant lu son « modèle français » détaillé dans Le Monde serait surpris ou conquis par son invitation à trouver un équilibre entre prise de risque et préservation des acquis sociaux dans un monde en mutation, sans craindre la mondialisation ni stigmatiser les entrepreneurs.


Il cite haut et fort en exemple deux pays chantres de la social-démocratie, la Suède et  l'Allemagne. Rompant quelque peu avec les tabous de  la « vieille gauche », il annonce une réduction des dépenses publiques. Dans son « modèle français », le Premier ministre, qui  entend concilier compétitivité, efficacité, performance et solidarité, se distingue ostensiblement  ainsi de la gauche radicale et de toute idée de « démondialisation ».


On peut comprendre que ce tournant social-démocrate interpelle certains militants de gauche qui mettent en relief un hiatus entre une partie des promesses de campagne et la politique menée par le gouvernement. Ils constatent, à juste titre, que le pacte de compétitivité proposé par le chef de l'État,  rompt avec la doctrine  économique classique de la gauche. Au moins sur trois axes clés: Ce pacte  reconnaît que le coût du travail explique la faible compétitivité des produits français, fixe un objectif ambitieux de réduction des dépenses publiques et procède à une légère hausse de la TVA, impôt jugé antisocial. (On peut tout de même mettre au crédit de ce pacte, le passage du taux réduit  de TVA de 5,5 à 5 sur les produits de première nécessité).  En même temps, force est de reconnaître que ce pacte de compétitivité a été bien reçu par une majorité à gauche. Les  enquêtes d’opinions  indiquèrent que deux tiers des électeurs du PS sont favorables aux crédits d'impôts pour les entreprises à hauteur de 20 milliards d'euros.


Etant donné qu’il sera  difficile pour le gouvernement de convaincre les réticents (une partie du PS, les électeurs du Front de Gauche et des Verts) de sa ligne ouvertement social-démocrate, François Hollande devra rassurer toute la gauche en  cherchant des symboles plus forts en matière d'exemplarité, notamment sur le train de vie des grandes institutions, sur des réformes sociales et sociétales acceptées de tous, et enfin, trouver une parade fiscale rendant effective pour l’avenir  la taxe à 75 %.


Enfin ceux qui cherchent des marqueurs de gauche ne doivent pas se tromper de diagnostic ! Nous entrons dans la cinquième année de crise. Jusqu'ici, notre système d'Etat providence a protégé ceux qui, par définition, en bénéficient, c'est-à-dire le cœur du salariat (les emplois en CDI) et le secteur public. Le poids de la crise est supporté presque en totalité par les employés au statut précaire et les jeunes, soit environ 15 % de notre population active qui se trouve au chômage ou dans un quasi-chômage. En 2013, la crise pourrait atteindre beaucoup plus en profondeur le corps social. Nul ne peut dire comment cela se traduirait. Se souviendra-t-on de l'année qui se termine comme de 1788 ?


Notre appareil productif menace enfin de craquer. Notre perte de compétitivité, qui se traduit par un déficit commercial abyssal, compromet l'existence même de certaines filières industrielles. Nous risquons de perdre des compétences qui ne reviendront pas, par exemple dans l'industrie automobile. Il y a là urgence à agir sur notre compétitivité (coût et hors coût) pour sortir de l'étau dans lequel nous sommes enfermés.


Face à ces risques bien connus, nous avons une chance : le contexte mondial s'améliore. La zone euro est sortie de sa phase de crise aiguë, la croissance revient aux Etats-Unis et la Chine ne faiblit pas, bien au contraire. En outre, 2013 sera une année sans élections en France, donc en théorie propice à des réformes de fond.


Si la social-démocratie est devenue une réalité assumée par l’exécutif, l’urgence imminente de 2013 reste incontestablement et immanquablement l’emploi.

 

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  • Hervé-Mélaine AGBESSI
  • Docteur en droit public économique, diplômé de l'université de Paris 1 (Panthéon-Sorbonne). Expert en fiscalité internationale.
  • Docteur en droit public économique, diplômé de l'université de Paris 1 (Panthéon-Sorbonne). Expert en fiscalité internationale.

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