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21 avril 2014 1 21 /04 /avril /2014 17:42

Le défaut de légitimité dont souffre l’Union européenne (UE) ne date pas d’hier, mais la crise de l’euro a aggravé le problème. Il n’existe pas de remède miracle pour faire de l’UE, du jour au lendemain, une entité respectée, admirée, voire populaire aux yeux du plus grand nombre. Ses institutions sont éloignées géographiquement, difficiles à cerner et semblent souvent se consacrer à d’obscurs aspects techniques.


Si les dirigeants européens ne parviennent pas à renforcer leur crédibilité et leur légitimité aux yeux des électeurs, certains pans de l’Union pourraient commencer à se désagréger.

Les institutions politiques doivent leur légitimité à deux choses : les prestations qu’elles fournissent et leur mode de désignation. Les prestations, ce sont les avantages visibles imputables aux institutions. Le mode de désignation, ce sont les élections, qui obligent les détenteurs du pouvoir à rendre des comptes. Ces deux types de légitimité ont été affaiblis par la crise de l’euro.


Côté prestations, ce n’est guère impressionnant. La croissance économique est atone dans une bonne partie de l’Europe, le chômage a franchi la barre des 12% dans la zone euro et celui des jeunes dépasse les 50% en Grèce et en Espagne. Bon nombre de citoyens ont l’impression que ni l’UE, ni l’euro, ne leur sont d’un grand secours.


Parallèlement, on a du mal à se faire une idée de la légitimité censée émaner du mode de désignation. Au vu de la complexité des processus décisionnels – les pouvoirs étant répartis entre une multitude d’institutions – il n’a jamais été simple de savoir qui était responsable de quoi dans l’UE. Or, le sentiment d’un déficit de démocratie est un problème grandissant pour les pays très endettés de la zone euro. La "troïka" non élue – la Commission européenne, la Banque centrale européenne et le Fonds monétaire international – a contraint les parlements européens à accepter des coupes budgétaires et des réformes structurelles. Les grandes décisions relatives aux plans de sauvetage de l’UE ont été prises par les ministres des Finances de la zone euro et les chefs de gouvernement. Tout ceci doit changer avec une efficacité ou une légitimité retrouvée de l'Union européenne.


Mais alors, que faut-il faire pour améliorer la légitimité de l’UE ?


Tout d'abord, un préalable : si nous ne réglons pas définitivement la crise financière que traverse l'Europe, tout le reste n'aura que peu d'importance.


Au-delà, que devons-nous faire pour que l'Europe retrouve de l'énergie, de l'enthousiasme et de l'espoir ?  Il faut d'abord définir une certaine vision stratégique pour l'Union européenne. Nous aurions peut-être intérêt à essayer de prendre une approche à cinq ou six ans pour mettre en place un plan d'action réaliste, concret et facilement compréhensible. Ce plan d'action doit contenir des priorités bien identifiées. Il faut également faire prévaloir une approche intégrée de l'action extérieure européenne. L’Union européenne est le seul ensemble dans le monde qui a, sur son tableau de bord, autant de moyens d'action. Simplement, ces moyens-là ne trouveront leur efficacité qu'à la condition d'être solidement coordonnés. C'est en faisant prévaloir ce souci de cohérence que l'Union européenne peut retrouver sa raison d'être et toute sa place sur la scène internationale. Tel doit être le modus operandi du parti socialiste européen.


Dans un climat marqué par l'euroscepticisme et les replis nationaux l'année 2014 est d’une importance majeure pour l’avenir de l’Union européenne. Le Parlement européen, la Commission européenne vont être renouvelés. Une campagne de grande envergure, délibérément pro-européenne mais sans naïveté, est nécessaire. Les socialistes doivent la mener avec détermination et combativité.


Les citoyens ont le pouvoir démocratique entre leurs mains. Ils élisent les parlementaires qui, eux-mêmes, éliront, pour la première fois, le président de la Commission européenne, sur la proposition du Conseil européen… formé de chefs d’État et de gouvernements nationaux. Si la politique actuelle de la Commission est libérale, c'est parce que les gouvernements de l'UE sont en majorité libéraux. Un président de la commission social-démocrate (Martin Schulz) aurait alors pour effet de refroidir les ardeurs libérales de l'Union.


Ne pas être satisfait de l'Europe d'aujourd'hui oblige à agir, pour transformer cette Europe qui déçoit et exiger un fonctionnement différent. Les socialistes européens y sont prêts. Par ailleurs, il peut paraître hâtif pour les « tisseurs » du parti socialiste d'insister sur l'imminence d'une Europe fédérale, en cette période de crise économique et de hausse du chômage. L'urgence n'est pas institutionnelle, mais plutôt économique et sociale!


Le défi est surtout immense pour les socialistes et sociaux-démocrates européens : si ces derniers sont incapables d'expliquer leurs réformes, qu'ils soient au pouvoir seuls ou en alliance au niveau national, s'ils ne parviennent pas à articuler leur projet européen et leurs politiques, au niveau national et européen, ils en paieront le prix dans les urnes. Aux Pays-Bas comme en France, les partis sociaux-démocrates et socialistes ont élaboré leurs listes pour les élections européennes dans la douleur. Dans ces deux pays, les sociaux-démocrates sont aujourd'hui sur la défensive. Il leur faudra rattraper des sièges aux élections européennes perdus en 2009 au profit des Verts. Il leur faudra répondre à la colère de leurs électeurs traditionnels. Mais les partis sociaux-démocrates doivent non seulement répondre aux attentes de leurs électeurs perdus mais ils doivent surtout s'opposer frontalement à la menace de l'extrême droite européenne. Pour cela et pour faire baisser l'abstention, il leur faut mobiliser leurs militants, leurs réseaux, et proposer des politiques et des messages clairs et cohérents par rapport aux idées et aux intérêts qu'ils portent.


Les vraies questions par ordre de priorité auxquelles les socialistes et sociaux-démocrates européens auront à résoudre sont les suivantes :

Quels sont les moteurs d’une nouvelle stratégie de croissance et d'emplois ? Quels sont les grands axes du projet et les propositions pour reconstruire l’UE et sortir de la crise? Quelles sont les conditions démocratiques à réunir ? Une gageure...

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  • : Le blog de Hervé-Mélaine AGBESSI
  • : "L'esprit né de la vérité a plus de puissance que la force des circonstances" Albert SCHWEITZER.
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  • Hervé-Mélaine AGBESSI
  • Docteur en droit public économique, diplômé de l'université de Paris 1 (Panthéon-Sorbonne). Expert en fiscalité internationale.
  • Docteur en droit public économique, diplômé de l'université de Paris 1 (Panthéon-Sorbonne). Expert en fiscalité internationale.

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