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14 décembre 2007 5 14 /12 /décembre /2007 17:12
Partagés entre hostilité, crainte et insatisfaction, les socialistes vont devoir plancher le 15 Décembre sur leur rapport au marché et la mondialisation.
 
Eu égard au flou artistique ayant miné le programme socio-économique porté par Ségolène Royal pendant les présidentielles, il est évidemment urgent que les socialistes se retrouvent et posent les bases d’une idéologie claire tenant compte des exigences du marché.
 
De nos jours, à moins d’être cubain (et encore !), nul n’ignore la connexion ou le lien étroit qui existe entre marché et mondialisation. Du mythe du « plombier polonais » à la désindustrialisation de certains de nos territoires, le marché et la mondialisation y sont pour quelque chose.
 
On ne peut valablement parler de mondialisation sans évoquer au préalable son histoire.
 
Depuis le début des années 1990, la  mondialisation  désigne une nouvelle étape dans l’intégration planétaire des phénomènes économiques, financiers, écologiques et culturels.
 
La mondialisation est un phénomène très ancien. Déjà, au deuxième siècle avant J-C, Polybe disait : « Avant, les évènements qui se déroulaient dans le monde n’étaient pas liés entre eux. Depuis, ils sont tous dépendants les uns des autres ». Cette formule simple qui évoque l’interdépendance des événements dans le monde renvoie facilement à la mondialisation.
 
 Dès l’Empire romain, une première mondialisation s’est organisée autour de la Méditerranée. Mais il a fallu attendre les grandes découvertes, au XVe siècle, pour assurer la connexion entre les différentes sociétés de la Terre et la mise en place de cette « économie-monde » décrite par l’historien Fernand Braudel. Une mondialisation centrée sur l’Atlantique atteint son apogée au XIXe siècle : entre 1870 et 1914 apparaît un espace mondial des échanges comparable dans son ampleur à la séquence actuelle. Ouverture de nouvelles routes maritimes, avec le percement des canaux de Suez et de Panama, doublement de la flotte marchande mondiale et extension du chemin de fer, multiplication par six des échanges, déversement dans le monde de 50 millions d’Européens, qui peuplent de nouvelles terres et annexent d’immenses empires coloniaux etc.… La naissance de la mondialisation telle que nous la connaissons aujourd’hui a commencé il y a un siècle et demi.
 
La mondialisation actuelle s’apparente à une  globalisation financière, avec la création d’un marché planétaire des capitaux et la multiplication  des fonds spéculatifs. La fin de la régulation étatique qui avait été mise en place juste après la Seconde Guerre mondiale s’est produite en trois étapes : d’abord, la déréglementation, c’est-à-dire la disparition en 1971 du système des parités stables entre les monnaies, qui se mettent à flotter au gré de l’offre et de la demande ; ensuite, la désintermédiation, possibilité pour les emprunteurs privés de se financer directement sur les marchés financiers sans avoir recours au crédit bancaire ; enfin, le décloisonnement des marchés : les frontières qui séparaient les différents métiers de la finance sont abolies, permettant aux opérateurs de jouer sur de multiples instruments financiers. Grâce aux liaisons par satellite, à l’informatique et à Internet, la mondialisation se traduit par l’instantanéité des transferts de capitaux d’une place bancaire à une autre en fonction des perspectives de profit à court terme. Les places boursières du monde étant interconnectées, le marché de la finance ne dort jamais. Une économie virtuelle est née, déconnectée du système productif : au gré des variations des taux d’intérêt des monnaies et des perspectives de rémunération du capital, la rentabilité financière des placements devient plus importante que la fonction productive. Les investisseurs peuvent choisir de liquider une entreprise, de licencier ses salariés et de vendre ses actifs pour rémunérer rapidement les actionnaires.
 
Face à cette globalisation financière, les socialistes doivent apporter des solutions qui ne seraient ni anticoncurrentielles ni dommageables à la croissance. Ils doivent réhabiliter la fonction régulatrice de l’Etat qui a véritablement un rôle à jouer.
 
La mondialisation ne met pas les Etats hors course. Elle ne remet pas en cause leur capacité à anticiper le marché et à en éliminer les « déchets ». Au contraire,  seule la puissance publique peut réguler la mondialisation en éditant des normes, en taxant les super profits, en redistribuant les richesses, en aménageant le territoire (via les pôles de compétitivité par exemple). Et quand on parle de puissance publique, il ne s’agit pas de faire supporter le poids de la régulation à la seule puissance nationale ; l’Europe doit en prendre fidèlement et concrètement sa part. Celle-ci doit pouvoir encourager, soutenir toutes les politiques renforçant la cohésion sociale et mettre en place des dispositifs législatifs minorant ou effaçant les effets désastreux de la globalisation financière.
 
Comme il est dit au début de l’article, le marché et la mondialisation sont étroitement liés. La mondialisation intègre le marché comme un jeu dans lequel la vie et le destin des femmes et des hommes sont  pris en otage par les spéculateurs.
 
Enfin, « Economie de marché, oui !société de marché, non ! » dixit Lionel Jospin. Je partage cet avis ; toujours à la condition que les autorités de régulation dans une économie de marché soient suffisamment armées au niveau règlementaire afin de parer aux incohérences du marché.
 
Et si c’était la globalisation financière qui mérite d’être apprivoisée ?
 
 

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  • : Le blog de Hervé-Mélaine AGBESSI
  • : "L'esprit né de la vérité a plus de puissance que la force des circonstances" Albert SCHWEITZER.
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  • Hervé-Mélaine AGBESSI
  • Docteur en droit public économique, diplômé de l'université de Paris 1 (Panthéon-Sorbonne). Expert en fiscalité internationale.
  • Docteur en droit public économique, diplômé de l'université de Paris 1 (Panthéon-Sorbonne). Expert en fiscalité internationale.

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