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26 janvier 2010 2 26 /01 /janvier /2010 21:31

L'Allemagne est dépassée par la Chine comme premier exportateur mondial. Areva s'est fait « ramasser » par un groupe coréen pour un contrat à Abu Dhabi. L'Europe a été écartée des discussions conclusives à Copenhague sur le climat, menées par le président américain et le Premier ministre chinois. Au chapitre de la régulation financière, l'Union est incapable d'imposer ses vues à l'Amérique et à l'Asie. Toutes les semaines, tous les jours, l'histoire du déclassement européen s'accélère.

 

La crise aurait dû être l'occasion d'un sursaut, d'un changement, d'une relance. Rien de tel. Le déclin est comme intégré et assumé. L'Asie nous flanque des raclées industrielles ? C'est normal, ils sont si nombreux. On ne peut rien contre la démographie. Et puis, après deux siècles de mise à l'écart, c'est leur tour. Rien à faire. L'Amérique, elle, nous domine dans les technologies et la société de la connaissance ? C'est normal, ils ont Google, après avoir eu Microsoft, Intel et IBM. Ils ont dans leurs gènes la course à « la nouvelle frontière ». Rien à faire.

 

Rien, sauf à renommer les mêmes (ou à choisir les mêmes comme c’est le cas au parti socialiste) : José Manuel Barroso à la Commission, Jean-Claude Juncker à l'Eurogroupe, malgré leur effacement durant la crise. Rien, sauf dupliquer les dispositifs institutionnels pour que l'immobilisme soit la seule chose qui se consolide en Europe. Le nouveau président de l'Union, Herman Van Rompuy, a inauguré son nouveau mandat en annonçant les priorités (réécrire l'agenda de Lisbonne). Le lendemain, José Luis Rodriguez Zapatero, le président « tournant » du Conseil, un poste maintenu malgré la redondance, voulant marquer son existence, en a donné d'autres.

 

La crise signe l'échec de « l'Europe des nations ». L'idée, celle de stopper toute avancée fédérale, s'était imposée sitôt après Maastricht. Elle a été installée par le couple Chirac-Schröder, France et Allemagne de concert, gauche et droite réunies. Cette « Europe des nations » s'est d'abord perdue dans le long et difficile chemin de croix institutionnel nécessaire après l'élargissement ; dix ans d'errements. Ensuite, elle s'est, naturellement, ligotée dans le combat des nationalités. L'Allemagne voulait aider les usines allemandes d'Opel aux dépens des ouvriers espagnols, belges et anglais. Les plans de sauvetage des banques ont été élaborés au niveau national.

 

La crise aurait dû sonner l'heure européenne. L'ultralibéralisme a échoué et le modèle rhénan de régulation, de mixité Etat-marché, devrait s'imposer. L'Etat mais quel Etat ? Bruxelles ou les 27 capitales ? Question fondamentale à laquelle L'Europe des nations répond : les capitales. Mais la crise et l'accélération du monde rendent urgent un renouveau fédéral. Deux exemples.

 

La croissance européenne d'hier se composait de pays consommateurs (Espagne, Grande-Bretagne, France) et d'un pays producteur, l'Allemagne. C'était une reproduction du schéma Etats-Unis-Chine, à notre échelle. La crise en signe l'épuisement : les pays consommateurs vont épargner et, si l'Allemagne ne consomme pas, la croissance européenne restera morne, sans moteur. Au minimum, une coordination économique est devenue nécessaire.

 

La Grèce a ouvert une crise de l'endettement. Elle est la pointe bien avancée, comme on dit des fruits, des communs dérapages budgétaires des pays membres. Les ratios de dette filent vers les 100 % du PIB. Comment le gouvernement d'Athènes pourra-t-il imposer une austérité spartiate inévitable ? Faut-il faire appel au FMI ? Pourquoi ne pas instaurer un mécanisme incitatif en faisant prendre en charge les dépenses d'investissement par l'Union ?

 

Une solidarité tant fiscale que sociale doit s’imposer à l’intérieur de la zone euro.

 

 Mais aucun politique ne sonne l'alarme.

La seule idée poussive et défensive est celle de Nicolas Sarkozy : taxer les importations des pays qui ne s'engagent pas à réduire leur CO2. C’est insuffisant. Notre économie décroche, on nous propose son verdissement comme seule  solution. C’est court. L'Europe est vraiment malade…

 

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commentaires

H
<br /> t'es sympa déjà qu'il pleut toute la journée, ton article est "gai" à souhait ! On se voit demain soir aux voeux ?<br /> <br /> <br />
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  • : Le blog de Hervé-Mélaine AGBESSI
  • : "L'esprit né de la vérité a plus de puissance que la force des circonstances" Albert SCHWEITZER.
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  • Hervé-Mélaine AGBESSI
  • Docteur en droit public économique, diplômé de l'université de Paris 1 (Panthéon-Sorbonne). Expert en fiscalité internationale.
  • Docteur en droit public économique, diplômé de l'université de Paris 1 (Panthéon-Sorbonne). Expert en fiscalité internationale.

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