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13 octobre 2010 3 13 /10 /octobre /2010 18:24

Normalement, l’euro aurait dû dégringoler, il y a quinze jours, quand l’Irlande avait annoncé   qu'elle allait afficher un déficit public vertigineux, 32 % de sa production nationale en 2010, alors que la Commission européenne prévoyait jusqu'à présent trois fois moins. A côté, la Grèce était un petit joueur, elle qui avait fait dévisser la monnaie unique en annonçant 12 % de déficit au lieu de 6 % ! Mais au contraire, la monnaie unique avait dépassé 1,37 dollar. En un seul mois, elle s'est appréciée de 7 %. Enorme !!!


Cette flambée de l'euro vient d'abord de la faiblesse du dollar. En septembre, les Américains ont dégainé à deux reprises contre leur monnaie. D'abord, la Réserve fédérale se dirige de plus en plus clairement vers « QE2 ». Elle va pratiquer une politique d'assouplissement quantitatif (« quantitative easing ») afin de soutenir l'activité. Pour parler clair, elle va recommencer à imprimer des billets pour acheter des obligations américaines. Ensuite, la Chambre des représentants a voté le principe de mesures protectionnistes à l'encontre des produits chinois si Pékin ne laisse pas le yuan s'apprécier. Pour les investisseurs, le message est clair : Washington veut faire baisser le billet vert.


Dans la montée de l'euro, il n'y a pas seulement la descente du dollar. Car la monnaie européenne s'apprécie face aux autres devises : yen du Japon, franc suisse, real du Brésil, won de la Corée du Sud… Ici aussi, la première explication est politique : à l'inverse de la zone euro, les pays pratiquent des interventions sur les marchés des changes pour freiner l'appréciation de leur devise. Mais il y en a d'autres. Certaines banques centrales rééquilibrent leur bilan pour diminuer le poids du dollar. Et avec le plan de sauvetage pratiqué au printemps dernier, certains investisseurs estiment que des obligations publiques irlandaises ou même grecques permettent de toucher un joli taux d'intérêt pour un risque finalement limité.


Dans ces conditions, l'inaction est dangereuse. L'euro risque de s'envoler seul contre tous. La zone euro serait alors le dindon de la farce monétaire qui s'esquisse actuellement. Pour une raison, là encore, politique : l'euro est la seule monnaie sans Etat. Le dollar a un Trésor pour la piloter tandis que l'euro n'a toujours pas de numéro de téléphone. Les investisseurs sentent bien le potentiel américain et la faiblesse européenne. C'est l'une des raisons pour laquelle l'euro avait valu il y a quelques jours plus de 1,40 dollar, pour la première fois depuis huit mois.


Pas plus dans la zone euro qu'aux Etats-Unis ou ailleurs, ce n'est à la banque centrale de définir la politique de changes. L'article 111 du traité instituant la Communauté européenne dispose, à propos des devises qui ne sont pas dans la zone euro, que « le Conseil […] peut formuler les orientations générales de politique de change vis-à-vis de ces monnaies » sous réserve de préserver la stabilité des prix. Jusqu'à présent, le Conseil n'avait pas eu à définir cette politique. Mais il doit désormais le faire, car la crise économique et financière risque de devenir monétaire. Il en va de l'avenir de l'euro.

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  • : "L'esprit né de la vérité a plus de puissance que la force des circonstances" Albert SCHWEITZER.
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  • Hervé-Mélaine AGBESSI
  • Docteur en droit public économique, diplômé de l'université de Paris 1 (Panthéon-Sorbonne). Expert en fiscalité internationale.
  • Docteur en droit public économique, diplômé de l'université de Paris 1 (Panthéon-Sorbonne). Expert en fiscalité internationale.

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