D’aucuns pensaient à tort que la loi Fillon du 21 Août2003 garantirait, ne serait-ce qu’en partie, le financement de nos retraites.
Cette loi montrait les sources de financement (40 ans de cotisation pour les fonctionnaires à partir de 2008, allongement progressif de la durée de cotisation pour l’ensemble des actifs à 41 ans en 2012) que le gouvernement allait mobiliser pour financer la réforme et combler le besoin de financement. Ce besoin de financement était évalué à 43 milliards d'euros : la réforme devrait permettre un solde net de 18 milliards soit 46 % du total. Le gouvernement devrait compléter ce premier solde par une hausse des cotisations vieillesse notamment dans la fonction publique à partir de 2006. Le reste devrait être financé par une baisse du taux de chômage à 5 % d'ici 2020 soit une économie prévue de 15 milliard d'euros.
Quel bilan depuis 2003 ? Apparemment, rien n’a changé. Les prévisions de 2003 (une éternité !) se sont révélées inopérantes en 2008. Aucun événement nouveau permettant un financement durable et équilibré du régime de retraite par répartition ne se profilant à l’horizon, Xavier Bertrand, digne successeur de François Fillon en matière de réforme injuste, incomplète et à effet dérisoirement limité veut taper comme toujours sur les salariés.
Il ne fait aucun doute que la loi Fillon n’a rien résolu. Elle n’a fait que différer le problème de financement des retraites. La preuve en est qu’aujourd’hui si rien n’est fait le déficit des retraites atteindra en 2012, 11 milliards d'euros pour la seule année 2012. En clair, une retraite sur dix risque de ne pas être financée ! La situation est évidemment grave et qu’il urge de trouver des voies et moyens judicieux, crédibles et équitables afin de sauver le système.
Certes, grâce aux progrès de la médecine, les gains d'espérance de vie dans les prochaines années seront palpables. Donc l’intention du gouvernement d'augmenter progressivement à 41 ans d'ici 2012 la durée de cotisation pour une retraite à taux plein n’est pas évitable en soi. Mais elle reste contestable dans la mesure où augmenter de manière arbitraire la durée de cotisation à 41 ans ne cible les efforts que sur les salariés.
Même si l’idée d’augmenter les cotisations sociales pour financer la retraite par répartition reste écartée en raison du risque d’augmentation du coût du travail néfaste à la compétitivité économique, il n’en reste pas moins qu’il existe d’autres pistes alternatives de financement : une taxation indolore des stocks- options, une légère augmentation des taux d’imposition des bénéfices distribués aux actionnaires, bref, une légère augmentation de la taxation des revenus de capitaux mobiliers détenus par les actionnaires sans risque de pénaliser l’attractivité économique du pays.
D’une part, on ne saurait financer le régime des retraites sans demander une contribution, certes minime, à l’employeur ou aux actionnaires. Ceux-ci doivent contribuer à retrouver l’esprit de 1945.
D’autre part, une réforme qui veut encourager le travail des seniors au détriment de celui des jeunes risque de connaître des lendemains qui déchantent.
Certes, seulement 38,1% des 55-64 ans travaillaient en France en 2006, contre 43,5% dans l'ensemble de l'Union européenne. C’est insuffisant, mais le risque d’une politique excessivement favorable aux seniors encouragerait l’entrée tardive des jeunes sur le marché du travail avec pour conséquence l’allongement éternel de la durée des cotisations.
Le travail massif des jeunes devrait être recommandé sinon vigoureusement recommandé afin de ne pas faire pression inutilement sur des seniors, qui souvent, malgré des années de travail ardues mériteraient une retraite même au bout de 37 ou 38 années de cotisations.
Enfin le recours aux jeunes collaborateurs ne doit plus inciter les entreprises à faire partir trop tôt les gens à la retraite. Il ne s’agit pas non plus de fixer un quota pour les seniors, mais de faire cohabiter jeunesse et expérience dans un but favorable à l’entreprise, à l’emploi et à…nos retraites.